Le succès des iPhone et probablement des iPad dans les entreprises est incontestable. Mais malgré les pronostics optimistes des analystes, les grandes entreprises restent encore hermétiques aux Mac.

 

Les analystes s’accordent à dire que le succès des appareils mobiles d’Apple auprès du grand public a relancé l’intérêt des consommateurs pour ses micro-ordinateurs. En témoigne l’augmentation constante de ses parts de marché en Europe et aux Etats-Unis depuis deux-trois ans et l’augmentation de 30% en deux ans du parc d’ordinateurs sous Mac OS.

Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui parient sur une percée du Mac dans les entreprises, notamment sous l’influence des jeunes. Une population qui serait déjà en grande partie à l’origine de la brèche par laquelle s’est engouffré l’iPhone dans les entreprises. Fabrice Bardon, senior manager chez Ineum Consulting, et auteur d’une note sur le sujet, cite ainsi une étude du Student Monitor datée d’août 2010, qui indique que 70% des nouveaux étudiants des universités américaines possèdent un Mac.

Mieux : selon une étude d’Enterprise Desktop Alliance réalisée en octobre dernier, le parc de Mac installés en entreprise aux Etats-Unis devrait passer de 3,3% en 2009 à 5,2% en 2011. Un phénomène que l’on pourrait bientôt constater déjà en France, la part de marché du Mac ayant tendance à flamber dans les circuits de vente professionnels.

Pour autant, la poussée du Mac resterait pour l’instant limitée aux PME, les grands comptes demeurant à l’écart du phénomène comme en attestent les consultants d’Inneum Consulting et de Solucom que nous avons interrogés. « Nous n’avons pas constaté de percée du Mac chez nos clients grands comptes et nous n’avons aucun retour de d’expérience de parc de Mac déployé à grande échelle », confesse Solucom. Le Mac reste un ordinateur associé à des populations particulières (infographistes, marketeurs…) ayant des besoins spécifiques en termes d’applicatifs mais n’est pas vu comme un outil bureautique ».

Dans ces conditions, Apple met-il tout en œuvre accompagner cette poussée du Mac dans les entreprises. Fabrice Bardon, lui-même utilisateur de Mac, est tenté de répondre non à cette question. « En tout cas, le constructeur a encore des progrès à faire pour convaincre », nuance-t-il. Et d’égrener une série de points bloquants, comme la sécurité physique des machines (disques durs pas protégés contre les chutes et les projections de liquides…) ; les problèmes de compatibilité persistants avec l’environnement Windows (formats de fichiers PowerPoint par exemple) et certains périphériques d’impression…

Et si les Mac ont la réputation d’être épargnés par les virus, d’avoir une plus longue durée de vie, d’être plus stables, plus simples à utiliser, plus faciles à administrer, « il reste à prouver que cela se traduit en termes de gains sur les coûts de possession », ajoute Fabrice Bardon. Et d’enfoncer le clou, « Apple a remercié son vice-president en charge des ventes entreprises il y a deux ans (Al Shipp), et, à ma connaissance, ne l’a toujours pas remplacé. Et s’il suffit d’aller faire un tour sur l’Apple Store pour s’apercevoir que l’offre professionnelle est loin d’être mise en avant ». Enfin, l’annonce toute fraîche de l’arrêt de sa plate-forme serveur Xserve, semble confirmer le désintérêt d’Apple pour les entreprises.

A noter toutefois qu’Apple a récemment signé un partenariat avec Unisys aux USA, selon Bloomberg, pour favoriser le déploiement de ses plates-formes dans les grandes entreprises américaines et les organismes publics. D’autres grands intégrateurs, comme Milestone Technology, auraient également accepté de jouer le jeu. Mais ces accords  concerneraient exclusivement l’iPhone et l’iPad