Le fabricant de baies de stockage américain a publié un communiqué vendredi annonçant qu’il n’aurait « probablement pas suffisamment de liquidités pour poursuivre ses activités au-delà 30 juin 2018 ».

Au 30 mai, Tintri n’avait plus que 11,5 millions de dollars de cash dans ses caisses, alors que la société consomme au bas mot 25 millions de dollars de cash par trimestre. Déjà détentrice de 65,4 M$ de facilités de crédits auprès de différents organismes financiers, la société est dans l’impossibilité d’emprunter plus faute de pouvoir rembourser ce qu’elle doit déjà. Ce qui signifie la faillite à brève échéance, la probabilité qu’un repreneur se manifeste étant désormais extrèmement faible.

Créée en 2008, Tintri a bénéficié de 242 M$ de levées de fonds successives, dont la dernière en date, pour un montant de 125 M$, remonte à août 2015. En juin 2017, Tintri était parvenu à s’introduire en bourse, levant 62 M$ de fonds supplémentaires. Un montant très en-dessous de ses attentes et de toute évidence très insuffisant. Au point qu’en décembre 2017, la société avait fait savoir qu’elle cherchait un acheteur.

Début mars, elle avait présenté des résultats qui avaient de quoi inquiéter : le chiffre d’affaires de son quatrième trimestre 2018 clos le 31 janvier ressortait en baisse de 29% par rapport à la même période de l’exercice précédent, à 28,9 M$, avec des pertes de 37,4 M$, en hausse de 50%. Sur l’ensemble de son exercice, ses pertes atteignaient 157,7 M$ (contre 105,8 M$ sur l’exercice précédent) pour un chiffre d’affaires stable à 125,9 M$. Surtout, la société annonçait le départ, dès que son remplaçant serait trouvé, de Ken Klein, son CEO et président du conseil d’administration depuis octobre 2013. Si, officiellement, la société se déclarait satisfaite de ses résultats financiers, il était clair que la situation était déjà critique.

Ses résultats préliminaires pour son premier trimestre 2019 qui s’est terminé le 30 avril 2018, l’ont confirmé : malgré le plan de restructuration et de réduction d’environ 20% de l’effectif (90 personnes sur un effectif d’environ 450), les pertes sont restées importantes – autour de 30 M$ – pour un chiffre d’affaires en chute libre (-28%) à 22 M$.

Tintri revendique une base installée de l’ordre de 4.500 systèmes et de plus de 1.500 clients. En France, la marque est distribuée depuis le début des années 2010 par Zycko, devenu Nuvias suite au rachat par Rigby Capital fin 2015.

Après avoir atteint environ 200 M$ au moment de l’introduction (et même 800 M$ sur la base de sa dernière levée), la capitalisation boursière de la société est désormais inférieure à 10 M$.