A l’heure où la notion de souveraineté numérique est sur toutes les lèvres, le think tank français The Shift Project révèle que la France ne produit que 20% de ses besoins en énergie, c’est-à-dire 500 sur 2.500 TWh, à la fois pour faire fonctionner ses entreprises et maintenir les modes de vie de ses habitant·e·s.
L’outil de modélisation du Shift Project montre que l’économie française reste dépendante à plus de 70% des énergies fossiles (majoritairement du pétrole et du gaz naturel), que ce soit directement ou indirectement.
« Depuis 1995, la France n’a pas réduit la part fossile de son exposition énergétique qui demeure de 72% », souligne Théo Wittersheim, chargé d’édition scientifique et technique au Shift Project, à l’occasion d’une conférence de presse le 12 novembre 2025.
En effet, si l’énergie produite en France est essentiellement décarbonée, le reste de ses besoins énergétiques (80% environ) est importé directement (54%) ou indirectement à travers l’« énergie grise » (27%) contenue dans les importations de biens et services. « 27% de l’énergie importée via l’importation de biens et services en France, cela représente 683 TWh, dont 79% d’énergies fossiles », précise Alexandre Barré, conseiller en affaires publiques au Shift Project.
Par ailleurs, sans énergies fossiles, toutes les centrales nucléaires du monde suffiraient à peine à satisfaire les besoins énergétiques actuels de la France, d’après Théo Wittersheim. Autrement dit, sans une baisse structurelle de la demande en énergie, la souveraineté restera hors de portée.
« Dans un contexte marqué par l’épuisement progressif de sources de pétrole et de gaz critiques pour l’Europe, et par le retour de fortes tensions géopolitiques, la dépendance à des pays fournisseurs extérieurs à l’Europe met à risque nos économies». Et The Shift Project de recommander : « La consommation énergétique française doit être divisée par deux d’ici 2050. Cela implique des politiques fortes d’efficacité énergétique (rénovation thermique, électrification performante, etc.) et de sobriété (infrastructures adaptées, régulation, incitations, taxation, etc.) ».