Dans les derniers jours de 2016, l’opérateur de services Cloud Sewan a racheté l’un des ses distributeurs, l’intégrateur normand de téléphonie centrex Universal Connect. Il s’agit d’une « opération opportuniste » qui ne s’inscrit « pas directement dans les priorités stratégiques du groupe », précise d’emblée David Brette, directeur associé de Sewan. En effet, l’opérateur se concentre actuellement sur son développement international. A ce titre, il a racheté au mois d’octobre l’opérateur madrilène Vozelia et prépare d’autres opérations de ce type pour les prochains mois.

En France, son modèle fondé sur la vente de services Cloud essentiellement en marque blanche via un réseau de quelque 500 partenaires fonctionne parfaitement et continue de lui assurer une très forte croissance (de l’ordre de 30% sur les deux dernières années). Compte tenu de son modèle, Sewan n’a donc aucun intérêt à racheter des intégrateurs à moins de prendre le risque de gérer des conflits de canaux.

Le cas d’Universal Connect est particulier. D’abord, il s’agit d’un de ses principaux partenaires. La société, qui fait partie du classement Fast 50 Nord de Deloitte depuis trois ans, a réalisé 4,6 M€ de chiffre d’affaires en 2016 avec une vingtaine de collaborateurs. Elle a développé des compétences pointues dans les communications unifiées et les centres de contacts que Sewan ne voulait pas perdre. Et elle compte dans sa clientèle une bonne proportion d’ETI et de grands comptes, susceptibles de renforcer l’activité grands comptes de Sewan. Or Michaël Guerrand, cofondateur et directeur général d’Universal Connect, cherchait un moyen de se désengager pour se lancer dans un nouveau projet entrepreneurial. Trop gros pour la plupart de ses confrères, l’intégrateur a donc tapé directement à la porte de Sewan qui ne lui a pas fermée.

Côté Universal Connect, on ne pouvait pas rêver meilleure opération. « Salariés, actionnaires, clients… tout le monde est satisfait », lâche Michaël Guerrand. De fait, tout a été fait pour assurer la continuité de la société. Celle-ci va être fusionnée dans un avenir proche avec Iperlink, autre intégrateur centrex que Sewan avait racheté en 2015. De taille équivalente mais basé à Lyon et plus teinté sécurité, Iperlink ressemble fortement à Universal Connect. « Les synergies sont évidentes entre les deux sociétés », juge Alexis de Goriainoff, président de Sewan dans un communiqué.

Formée de 39 personnes et réalisant de l’ordre de 10 M€ de chiffre d’affaires annuel, la nouvelle entité restera autonome du groupe et sera dirigée par Guillaume Couland, jusque-là directeur technique et bras droit de Michaël Guerrand. Tony Deblonde, son directeur du développement et également associé, intégrera le Codir, au côté d’Hugues Chabert d’Hyières et Eymeric Perouse, actuels directeur technique et directeur commercial d’Iperlink.

« Les salariés sont respectés et même le plan de recrutement initial d’Universal Connect a été confirmé », se réjouit Michael Guerrand. Celui-ci quittera la société après une période d’accompagnement de huit mois mais en reste actionnaire à hauteur 10%. Le seul changement notable qui devrait intervenir dans un avenir proche pour Universal Connect : c’est le basculement de son système d’information vers celui de Sewan, beaucoup plus automatisé que le sien. De son côté, Sewan devrait prochainement annoncer un CA 2016 de l’ordre de 61 M€ et un objectif 2017 fixé à 75 M€.

Photo : de gauche à droite, Tony Deblonde (directeur du développement d’UC), Alexis De Goriainoff (CEO de Sewan), Guillaume Couland (directeur Technique & Administratif d’UC), Michaël Guerrand (CEO d’UC), Caroline Guerrand (DRH d’UC), Christophe Cresp (directeur associé de Sewan) et David Brette (directeur associé de Sewan)