Sewan a pris un coup d’avance sur ses concurrents en réalisant une nouvelle levée de fonds de 75 M€. Septième plus grosse levée de l’année dans la technosphère française, cette opération est destinée à financer le développement de l’entreprise à l’international. Passé en trois ans de 63 à 116 M€ de chiffre d’affaires (prévisionnel 2019), l’opérateur réalise encore 80% de son chiffre d’affaires en France. Aujourd’hui implanté en Espagne et en Belgique, Sewan vise une présence dans une dizaine de pays et 300 M€ de chiffre d’affaires d’ici à trois à quatre ans.

Un objectif qui impose d’aller vite. Pour gagner du temps, Sewan mise sur l’acquisition d’entreprises de taille moyenne dans les pays où il souhaite s’implanter avec l’idée de les développer et de les transformer à son image. Un mode opératoire qu’il a déjà expérimenté en Espagne avec le rachat fin 2016 de Vozelia, une entreprise d’une vingtaine de personnes réalisant 2 M€ dans la téléphonie hébergée qu’il a porté à 5 M€ de revenus (prévisionnel 2019). Un modèle qu’il s’apprête à reproduire en Belgique, où il vient de prendre le contrôle de l’opérateur 3StarsNet – 6 M€ de chiffre d’affaires pour un effectif de 20 personnes – et en Allemagne il est sur le point de finaliser une transaction. Sur sa liste de ses pays cibles : l’Italie, le Portugal, la Grande Bretagne, la Hollande, la Suisse…

Cette approche implique des fonds non seulement pour acquérir les entreprises mais également pour les développer et les transformer aux standards Sewan. Cela passe principalement par des embauches dans les pays concernés : commerciaux, marketeurs, techniciens support et experts techniques pour intégrer les offres de connectivité et de téléphonie des opérateurs locaux à son socle technique. Sewan, dont l’effectif est actuellement de 450 personnes, prévoit ainsi recruter près de 200 nouveaux collaborateurs en 2020.

Enfin, l’opérateur compte affecter une partie des fonds levés à la R&D pour faire de sa plateforme technique un outil de classe mondiale, complet, robuste et apte à intégrer facilement de nouvelles offres. Sewan ne s’interdit pas non plus de recourir à des opérations de croissance externe pour acquérir les technologies qui lui manqueraient, comme il l’a fait en mars dernier en rachetant le rennais Gen-IP, spécialiste des serveurs vocaux interactifs et des centres de contact.

Les 75 M€ sont apportés principalement par le fonds Kartesia sous forme de capital et de dette. Mais Audacia, qui avait déjà apporté 12 M€ entre 2014 et 2016, participent au refinancement du jour. À noter que les dirigeants-fondateurs et le management conserveront 80% du capital au terme de l’opération.

De gauche à droite sur la photo : Matthieu Delamaire, managing partner Kartesia ; David Brette, directeur associé Sewan ; Christophe Cresp, directeur associé Sewan ; Clémence Girard, associate Kartesia ; Alexis De Goriainoff, président Sewan et Julien Rigon, director Kartesia