La chaine britannique de supermarchés Tesco poursuit en justice l’éditeur VMware, son acquéreur Broadcom et le revendeur Computacenter pour rupture de contrat de licences.
Selon The Register, Tesco allègue avoir acquis des licences perpétuelles de vSphere Foundation et de Cloud Foundation en début 2021, ainsi que des abonnements à la plateforme Tanzu. Tesco avait également conclu un contrat de support et de mises à niveau logicielles valable jusqu’en 2026, avec la possibilité de prolonger l’assistance de quatre ans, jusqu’en 2030. Mais ça, c’était avant le rachat de VMware par Broadcom.
Depuis, Broadcom a mis fin aux licences perpétuelles et VMware est passé en mode abonnement. Tesco affirme que ce nouveau mode l’oblige à payer « des prix excessifs pour des logiciels déjà payés » et « ne lui permet plus d’acheter des services de support pour ses logiciels sous licence perpétuelle sans devoir également acheter des licences par abonnement redondantes pour des produits qu’il possède déjà ».
La plainte allègue également que Broadcom ne lui permet plus de mettre à jour ses licences perpétuelles pour couvrir le nouveau VCF 9.0. Elle vise aussi Computacenter en tant que revendeur de licences. Tesco estime en effet que Computacenter a violé son contrat de vente de logiciels à prix fixe.
La plainte de Tesco remet également en cause la nouvelle politique de correctifs de Broadcom : les utilisateurs sans abonnement ne peuvent plus recevoir toutes les mises à jour de sécurité et ne bénéficient plus de tous les correctifs. Or le détaillant estime avoir droit à ces mises à jour par contrat.
La plainte souligne que l’absence de support n’est pas seulement une question juridique car les logiciels VMware « sont essentiels au fonctionnement et à la résilience de l’activité de Tesco et à sa capacité à fournir des produits alimentaires aux consommateurs du Royaume-Uni et de l’Irlande ». Le manque de support pourrait perturber l’approvisionnement alimentaire : « Le logiciel de virtualisation de VMware sous-tend les serveurs et systèmes qui permettent aux magasins et aux opérations de Tesco de fonctionner, hébergeant environ 40.000 charges de travail-serveurs et se connectant, à titre d’exemple, aux caisses des magasins Tesco », précise le dossier.
Tesco demande 100 millions de livres sterling (soit 135 millions d’euros) chacun à Broadcom, VMware et Computacenter en dommages-intérêts et précise que plus le litige persistera, plus les dommages-intérêts augmenteront.
La chaine britannique de supermarchés n’est pas la seule entreprise cliente à poursuivre Broadcom en justice pour ces raisons. Un litige entre Broadcom et Siemens porte sur des questions similaires et l’opérateur télécom AT&T a également déposé une plainte similaire contre Broadcom en septembre 2024. Si les entreprises de la taille de Tesco, Siemens ou AT&T peuvent se permettre d’intenter de longues poursuites judiciaires contre leurs fournisseurs, ce n’est pas le cas des entreprises de taille plus modeste qui subissent les changements de licences ou doivent migrer vers un autre fournisseur.