Après avoir tâtonné de longs mois, SAP met de l’ordre dans sa stratégie Cloud. En misant très largement sur l’architecture de son ERP en mode Saas, Business ByDesign. Une offre largement refondue.

 

A l’occasion de son Influencer Summit, une réunion entre des officiels de SAP, des blogueurs, analystes et journalistes, le premier éditeur européen a précisé le devenir de son ERP en mode Saas, Business ByDesign (ByD). Rappelons que celui-ci a fait l’objet d’une refonte d’architecture importante (avec l’arrivée du multi-tenant), qui explique son retard à l’allumage. Le point positif, c’est que cette remise à plat a permis à l’éditeur de mettre en place une stratégie Cloud cohérente, dans laquelle ByDesign joue un rôle central.

« Depuis le lancement de la version 2.5 (en juillet dernier, NDLR), nous remportons un nouveau contrat chaque jour ouvré, explique Rainer Zinow, vice-président pour l’offre Business ByDesign. Ce qui prouve que nous avons pris les bonnes décisions côté infrastructures ». Il était temps, car l’ERP en mode Saas du spécialiste de l’ERP a été annoncé pour la première fois en… 2004. Pour l’instant, l’offre reste commercialisée dans six pays (Etats-Unis, Allemagne, Grande-Bretagne, Chine, Inde et France) et comptait, en octobre dernier, environ 150 clients. Ce qui montre le décalage par rapport aux ambitions initiales de l’éditeur, qui avait trompeté au départ vouloir conquérir 1 000 clients avant la fin 2008.

Un « SAP store » en mars prochain

Si la version 2.5, malgré sa numérotation, apparaît comme la première mouture réellement aboutie de ByD, c’est la 2.6 qui signera pleinement l’offensive de SAP sur le créneau de l’ERP en mode Saas. D’abord, avec cette mouture attendue en janvier prochain, débarquera le studio de développement Cloud promis par SAP (on parle de Paas pour Platform-as-a-service). Cet outil, basé sur le Visual Studio de Microsoft – donc sur le framework .Net -, permettra bien-sûr aux partenaires de l’éditeur de bâtir des spécifiques pour tel ou tel projet, mais aussi, selon SAP, de construire des verticaux pour tel ou tel métier. Ces applications seront proposées sur un « SAP store » (associé à un processus de certification des applications par SAP), qui doit ouvrir ses portes à l’occasion du prochain Cebit, en mars 2011.

.Net de plus en plus central

Cet environnement de développement va également plus loin. Ce dérivé de Visual Studio sert également aux développements des modules Cloud de SAP, qui s’intégreront de façon native à l’ERP phare de l’éditeur, la Business Suite. Les deux premiers modules de ce type seront Sales OnDemand (gestion des forces de vente), attendu dans la première moitié de 2011, et Travel OnDemand (gestion des voyages, pas de date de sortie officielle). « Nous réutilisons les objets métiers de ByDesign pour bâtir Sales OnDemand, illustre Rainer Zinow. Et, au-dessus, nous développons une interface spécifique ».

Ce choix ouvre également des horizons nouveaux à la base installée SAP. Les entreprises peuvent en effet imaginer utiliser le studio de ByDesign pour étendre leurs solutions Business Suite dans certains scénarios, au lieu de recourir à des développements en Abap (Advanced Business Application Programming). « Nous avons cette demande de la part de nos clients », reconnaît Rainer Zinow, qui évoque le second semestre 2011 pour des annonces à ce sujet.

ByD pour les filiales, Business Suite pour le siège

Cette version 2.6 verra également débarquer ce que SAP appelle les scénarios d’intégration. L’idée ici consiste à offrir des services permettant à des grands groupes sous SAP d’équiper leurs filiales de Business ByDesign. Le premier scénario, livré avec la 2.6 donc, est centré sur la consolidation financière. Prévu pour la version 3.0, le second visera les besoins spécifiques des filiales spécialisées dans la vente ou la distribution.

 

A noter que SAP ne prévoit pas d’offrir des kits d’intégration avec d’autres logiciels en mode Saas (comme Salesforce). Selon Rainer Zinow, ces développements seraient susceptibles de poser des difficultés en matière de propriété intellectuelle. SAP mise donc sur ses partenaires pour étendre ces solutions dans cette direction. Idem en ce qui concerne la migration d’un ERP (avec son offre, SAP vise les PME possédant plus de 10 utilisateurs, donc déjà équipées d’un progiciel pour la plupart) vers ByD, où là encore l’éditeur préfère se reposer sur des partenaires pour éviter tout ennui juridique. Les conséquences des récents déboires de SAP devant la justice ?


Confiance enfin retrouvée ?

Avec cette mouture 2.6, où se dessine enfin la façon dont l’offre ByD s’emboîte avec les autres pièces du puzzle SAP (si on excepte les autres ERP pour PME, All-in-One et Business One), l’Allemand semble avoir retrouvé la confiance dans son produit. En témoigne l’extension de la commercialisation à de nouveaux pays, sujet sur lequel la société est au point mort depuis de nombreux mois. Aux 6 pays précédemment mentionnés s’ajouteront le Canada, l’Autriche et la Suisse. Puis le Mexique et l’Australie avec la sortie de la version 3.0, attendue pour 2011.

Une mouture qui se concentrera cette fois sur les fonctions proposées et non plus sur le volet architecture. Idem pour la 3.5 attendue en fin d’année prochaine ou en janvier 2012. « A partir de ce point, ByD devrait couvrir toutes les attentes des utilisateurs d’ERP, estime Rainer Zinow. Nous nous concentrerons alors sur des versions spécifiques pour telle ou telle industrie ». Au rythme de deux mises à jour par an. Si rien ne vient de nouveau faire dévier la trajectoire déjà complexe de ByD.

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