Jérôme Burgaud, patron de l’intégrateur Cerealog, revient sur les rumeurs d’arrêt de SAP Business ByDesign. Il réaffirme sa confiance dans la stratégie suivie par SAP en matière d’ERP Cloud.

Channelnews : La semaine dernière, le journal allemand WirtschaftsWoche a mis les pieds dans le plat en révélant que SAP avait décidé de suspendre le développement de son ERP Business ByDesign. Un préalable à son abandon pur et simple selon la publication, qui en voulait pour preuve le nombre désespérément anémique de clients – ils seraient moins de 800 – recruté en trois ans d’activité. SAP a aussitôt démenti vigoureusement l’arrêt de ByDesign, expliquant avoir certes prévu de suspendre son développement mais uniquement le temps de le porter sur sa plate-forme in-Memory Hana. En tant que partenaire ByDesign que pensez-vous de la pérennité de ce produit à long terme ?

Jérôme Burgaud : Sur le fond, je retiens que SAP a rappelé son engagement pour ByDesign et que celui-ci fait bien partie d’un tout technologique incluant les fameuses solutions « Line of business », dont l’une des plus fameuses est l’offre issue du rachat de Success Factors. Cette mini-crise de communication aura ainsi permis de confirmer que les différentes plates-formes Cloud de SAP vont converger vers un « quelque-chose » à base d’Hana, formant une suite cohérente de modules intégrés entre eux.

Channelnews : Vos clients ne sont pas inquiets ?

Jérôme Burgaud : Ils ont au contraire apprécié d’en avoir appris plus sur les détails de la stratégie SAP. On leur explique que pendant les travaux sur la voirie et les réseaux, le chantier dans les appartements est ralenti mais qu’à la fin, on aura les infrastructures permettant d’accélérer la construction de tout l’immeuble.

Channelnews : Dans son démenti SAP a avancé le chiffre de 1.100 clients ByDesign, ce qui est finalement très proche des 800 invoqués par WirtschaftsWoche et très éloigné des objectifs initiaux de 10.000 clients. Ne doit-on pas considérer malgré les déclarations de SAP que ByDesign est un échec ?

Jérôme Burgaud : SAP est certes en retard sur ses objectifs. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes en période de crise. L’activité n’est plus celle des années 2007-2008. Un peu plus de 1.000 clients en trois ans, ce n’est finalement pas si mal. Les ERP sont des produits beaucoup moins « volatiles » que peuvent l’être les CRM. Leur adoption nécessite beaucoup plus de temps. Mais nous sommes confiants dans la vision de SAP pour ByDesign et la direction prise en la portant sur Hana. On oublie trop souvent que Hana ne sert pas seulement à traiter de grosses masses de données. C’est aussi un serveur d’applications et un framework qui donneront aux partenaires encore plus de possibilités d’extensions. C’est aussi la promesse de gains de performances sur la partie décisionnelle mais aussi sur les règles de gestion et sur la couche de présentation de ByDesign. Une grosse bataille va se jouer sur les ERP Cloud et leur capacité à monter en charge. N’oublions pas que SAP est quasiment l’unique éditeur à proposer un véritable ERP Cloud. Il se situe bien au-delà de Netsuite qui n’est pas disponible dans autant de pays et qui n’offre pas ses performances.

Channelnews : SAP n’a pas seulement du mal à trouver des clients pour ByDesign mais également des partenaires. Il n’est d’ailleurs pas anodin de constater que plusieurs de ceux qui s’étaient engagés au lancement de la version multi-tenant en 2010 ont depuis fait défection. Ces derniers formulent plusieurs reproches à l’encontre de ByDesign. Le produit serait limité fonctionnellement, ce qui en ferait une offre peu adaptée à certains secteurs d’activité comme le retail ou l’industrie. D’autre part, le produit ne se prêterait pas au développement d’ad-ons et à la création de valeur ajoutée par les partenaires. Enfin, pour les partenaires SAP déjà revendeurs de All-in-One et Business One, il serait compliqué d’intégrer ByDesign sans cannibaliser ces deux offres. Qu’en pensez-vous ?

Jérôme Burgaud : Je reconnais bien là le discours de certains partenaires All-in-One qui ont échoué à s’adapter à ByDesign. Je ne suis pas d’accord concernant cette difficulté à développer des compléments autour de l’offre. Nous en avons-nous-même développé. C’est un discours que l’on entendait avant 2010 mais qui n’est plus vrai aujourd’hui. Je ne suis pas non plus d’accord concernant le recouvrement avec Business One. Nous relayons les deux et je peux vous assurer que dans 95% des cas, nous n’avons aucune hésitation à préconiser l’un ou l’autre. Il est vrai que le positionnement initial orienté petites entreprises de ByDesign n’était pas adapté. Le bon positionnement, celui adopté depuis deux-trois ans, est la tranche juste au-dessus de Business One. Alors certes, il y a peut-être moins de travail de prestation technique sur ByDesign mais c’est justement ce qui fait son intérêt. On passe moins de temps collé à la machine et plus de temps avec l’être humain. Pour tout dire, nous sommes séduits par le travail que nous produisons en tant que partenaire ByDesign.

Channelnews : Trois ans après avoir démarré votre activité SAP Business ByDesign, votre investissement en tant que partenaire est-il rentable ?

Jérôme Burgaud : Les deux premières années ont été des années d’investissement pur même si nous avons réussi à conquérir des clients. Depuis un an, l’activité Bydesign est profitable. Mais nous n’avons pas encore récupéré l’investissement initial.