Le procès qui oppose Oracle à Google à propos d’une éventuelle violation de brevets Java a permis de découvrir les grandes réflexions stratégiques de la firme de Moutain View menées à la fin de l’année 2010.

 

La demande faite au juge par l’éditeur de ne pas révéler le contenu de certains documents ayant été refusée, le tribunal a en effet pris connaissance de notes internes destinées à Eric Schmidt, alors CEO de l’entreprise, et au conseil d’administration. Le contenu de ces notes, dévoilé par Reuters, met en lumière l’ambition qu’avait alors Google de tirer plus de 35% de ses revenus d’autres marchés que celui de la recherche sur le Web, son coeur de métier.

Aujourd’hui, selon les analystes, ces activités ne représentent qu’entre 10 et 15% du chiffre d’affaires de la société. « La Google TV et les ambitions commerciales paraissent agressives si on les compare à ce qu’elles représentent aujourd’hui », constate Herman Leung, analyste au Susquehanna Financial Group, qui a pris connaissance de certains documents rédigés en octobre 2010.

On estimait alors à Mountain View que les activités sur YouTube allaient générer 5 milliards de dollars à l’horizon 2013, dont 3 milliards provenant de la Google TV. Or celle-ci n’a pas connu le succès attendu outre-Atlantique. Logitech a d’ailleurs annoncé au mois de décembre qu’il arrêtait la fabrication des boîtiers permettant d’accéder aux services.

Google estimait par ailleurs que le commerce, notamment la vente de contenu digital et les paiements par mobile, allait également rapporter son pactole de milliards. Il souhaitait notamment entrer de façon significative, à l’instar d’Apple, sur le marché de la musique en ligne, faisant ainsi monter le chiffre d’affaires d’Android à 3,7 milliards de dollars d’ici 2013.

Le procès permet aussi de découvrir que l’éditeur craignait beaucoup l’alliance, signée en octobre 2010, entre Facebook et Bing, le moteur de recherche de Microsoft pouvant selon lui capter une bonne partie du trafic de son propre moteur de recherche. Cette alliance n’a, heureusement pour Google, pas eu l’effet dévastateur escompté (On vient d’ailleurs d’apprendre à ce sujet qu’à l’époque certains dirigeants de Microsoft ont essayé de vendre Bing à l’entreprise de Mark Zuckerberg).

Aujourd’hui on affirme chez Google que  tout cela relève du passé. « Notre industrie continue d’évoluer à une vitesse incroyablement rapide, tout comme nos aspirations pour nos différents produits et services », a expliqué un porte-parole de la société, Jim Prosser.