Quelle adoption pour la technologie de migration d’applications mainframe vers Linux de l’éditeur suisse LzLabs deux ans après sa mise sur le marché ? Nous avons posé la question à Didier Durand, patron de l’offre produit de LzLabs. Réponse : « L’activité se porte bien. LzLabs compte plusieurs dizaines de clients et prospects actifs sur ses trois marchés principaux que sont la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne [parmi lesquels le groupe financier Edmond de Rothschild et l’opérateur Swisscom]. Et des discussions sont en cours avec de grands intégrateurs en vue de formaliser des partenariats ». Didier Durand n’en dira pas plus. LzLabs ne publie pas ses chiffres et les cycles de ventes sont longs, justifie-t-il. Seule donnée publique, l’effectif, qui est passé de 130 à 140 collaborateurs en deux ans.

Didier Durand précise toutefois que l’offre suscite beaucoup d’intérêt sur un marché de plus en plus mûr. « Beaucoup de clients cherchent à sortir des charges de travail importantes de leurs mainframes et se disent prêts à s’engager dans un processus d’abandon pur et simple de leur plateforme mainframe ». C’est aussi ce qui ressort d’une étude commandée conjointement par LzLabs et Microsoft au cabinet Vanson Bourne. Menée auprès d’un échantillon de 500 décisionnaires IT dans des entreprises du Royaume-Uni, des États-Unis, du Canada, de la France et de la région DACH (Allemagne, Suisse et Autriche), cette étude montre que 94 % des décisionnaires interrogés envisagent une sortie du mainframe. Leurs principales motivations sont connues : sa trop grande rigidité, qui limite la capacité d’innovation de leur organisation pour 71% des répondants, son coût élevé (69%), et le manque de compétences disponibles (59%).

La nouveauté, poursuit Didier Durand, c’est que cette demande émane désormais des clients exploitant de grands sites. « Pendant longtemps, le principal déclencheur des projets de migration a été la perspective pour les petits et moyens clients de réaliser des économies sur les coûts de possession de leur(s) mainframe(s). Mais ce n’est pas la motivation principale des grands clients qui sont animés par le besoin de moderniser leur patrimoine applicatif et de rester dans la course face aux acteurs issus du Web et du Cloud. C’est devenu une de leur préoccupation majeure même s’ils s’inquiètent également de la raréfaction des compétences disponibles. »

LzLabs propose une approche originale en deux temps pour accompagner les clients dans la modernisation de leurs applicatifs. Première étape, il porte ces derniers sur une plateforme x86 sous Linux. Il s’appuie pour cela sur sa solution de réhébergement binaire SDM (Software Defined Mainframe) qui permet d’exécuter les applications mainframe historiques dans des conteneurs spécifiques sous Linux sans qu’il soit nécessaire de recompiler les programmes ni de reformater les données qu’ils traitent. Avantage du réhébergement binaire par rapport aux approches de recompilation ou de réécriture : les résultats ne sont pas déformés. LzLabs garantit par exemple des résultats identiques au 25e chiffre après la virgule. Ce qui représente un argument déterminant pour de nombreux clients, notamment dans le secteur financier, souligne Didier Durand.

La deuxième étape est plus traditionnelle et consiste à restructurer les applications sous forme de microservices puis à les réécrire en Java en utilisant un outil de transcodage. LzLabs possède son propre outil hérité du rachat d’Eranea en 2016.

À noter, que l’éditeur a annoncé le mois dernier un partenariat avec Amazon Web Services qui va lui permettre de proposer à ses clients le Cloud d’AWS en guise de plateforme alternative pour réhéberger leurs applications mainframe historiques.