Plusieurs décennies après leur âge d’or, les applications mainframe continuent d’être largement utilisées, notamment dans les plus grandes entreprises. Plus de 70% des transactions commerciales mondiales continueraient ainsi d’être traitées par une application mainframe à un moment ou à un autre et les deux tiers des 500 plus grosses entreprises mondiales utiliseraient toujours des systèmes mainframe.
Mais ce patrimoine applicatif est en danger alerte LzLabs, une startup Zurichoise spécialisée dans la migration des applications mainframes vers des architectures modernes de type Intel. Les entreprises utilisatrices doivent en effet faire face à la raréfaction des compétences sur les environnements mainframes, à leur coût d’exploitation démesuré, et à la difficulté de faire évoluer les applications existantes.
« Le code source d’origine, les études et la documentation [de ces applications] sont souvent introuvables […]. Par conséquent, les entreprises en viennent à ne plus comprendre leurs systèmes historiques », note Mark Cresswell, CEO de l’entreprise dans une tribune publiée récemment par le JDN intitulée « Avis de forte tempête sur les utilisateurs de mainframes ».
Du coup, « beaucoup de ces entreprises n’osent plus toucher à leurs applications. Lesquelles ont tendance à se figer », complète Didier Durand, vice président en charge de management produits de LzLabs. Or à l’heure où les modèles traditionnels sont bousculés par de nouveaux entrants beaucoup plus agiles, cette difficulté à faire évoluer leurs applications cœur de métier devient réellement problématique pour les intéressés.
D’où le credo de LzLabs qui propose de porter les applications mainframe sur serveur standard pour mieux les faire évoluer. LzLabs apporte deux niveaux d’innovation. D’abord, contrairement à la plupart de ses concurrents traditionnels, LzLabs est capable de prendre en charge les exécutables (ou binaires) tels qu’ils sont exécutés sur le mainframe source pour les porter sans recompilation sur l’environnement cible. Intérêt de la manœuvre : un gain de temps (et d’argent) appréciable dans la migration des applications. Un gain que LzLabs estime à un facteur cinq par rapport à une migration traditionnelle rendant l’opération économiquement attractive dans un nombre beaucoup plus importants de situations.
Le deuxième atout innovation de la société vient du rachat il y a quelques semaines d’Eranea, une autre startup suisse spécialisée dans la conversion des applications Cobol en Java, langage sur lequel il est pour le coup beaucoup aisé de trouver des compétences. Les sommes économisées sur l’exploitation d’un environnement mainframe peuvent ainsi être réinjectées de manière profitable dans l’évolution des applications. « LzLabs facilite le déplacement des règles métier développées en Cobol vers des environnements modernes dans lesquels il est aisé de les remanier », résume Didier Durand.
Après cinq années de développement, la startup a démarré la commercialisation de sa technologie l’été dernier et revendique déjà des dizaines de prospects intéressés. Elle a également signé des partenariats technologiques avec plusieurs fournisseurs, dont Microsoft, très intéressé par le fait d’attirer les charges de travail mainframe de ces grandes entreprises sur son Cloud Azure. Red Hat et Cobol-IT font également partie de ses partenaires. Enfin, des contacts ont été établis avec plusieurs intégrateurs systèmes qui devraient rapidement déboucher sur des partenariats formels.
Société privée de 130 personnes, LzLabs dispose de bureaux dans plusieurs pays dont la France, où les opérations ont été confiées à un vétéran des environnements mainframe passé par BMC, Informatica, Access Commerce : Roch de Sorbay.