Data Domain ne compte qu’une poignée de partenaires en France. Mais certains voient en Netapp un concurrent. Devront-ils vendre ses baies pour conserver leur accréditation ?

 

C’est officiel depuis la semaine dernière, le spécialiste du stockage NAS Netapp va acquérir pour 1,5 milliard de dollars l’acteur de référence dans le domaine de la déduplication, Data Domain. Un acteur dont l’effectif représente à peine un dixième du sien (800 personnes contre plus de 8.300) et dont les revenus sont quinze fois inférieurs (274 M$ contre 4 Md$). Quelle est la signification de cette acquisition pour Netapp (qui possède déjà une technologie de déduplication) et que risque-t-elle de changer pour le réseau de distribution ?

 

A la première question, un intégrateur français de Data Domain répond : « cette acquisition montre clairement que Netapp n’avait pas confiance en sa technologie de déduplication. Bien que nous ne soyons pas partenaire de Netapp, nous rencontrons beaucoup de baies Netapp chez nos clients. Or nous n’en connaissons pas qui aient installé opté pour sa solution de déduplication. Celle-ci ne semble pas adaptée à la déduplication des données de production. »

 

Data Domain positionne Netapp sur le marché de la sauvegarde

 

Cette acquisition est d’autant plus cohérente pour Netapp, qu’elle lui ouvre le marché du stockage secondaire, autrement dit celui de la sauvegarde, duquel il était absent, estime notre intégrateur. Selon lui, les solutions de Data Domain seraient en effet destinées dans 90% des cas à optimiser les espaces de stockage dans le cadre de projets de sauvegarde.

 

Pour ce qui est de l’impact sur le channel, nul ne peut répondre pour l’instant. « La finalisation de la transaction en elle-même devrait prendre trois ou quatre mois et il devrait encore s’écouler 12 à 18 mois avant que Netapp ne digère la technologie de Data Domain dans son existant », souligne Franck Laga, directeur général d’Exclusive Storage, premier et seul grossiste à valeur ajoutée de Data Domain en France.

 

Les partenaires Data Domain devront-ils vendre du Netapp ?

 

Il n’en reste pas moins qu’un certain nombre de partenaires de Data Domain ne travaillant pas avec Netapp considèrent celui-ci comme un concurrent et se posent des questions sur l’évolution de leur partenariat. Netapp va-t-il les contraindre à vendre ses baies pour pouvoir conserver leur accréditation Data Domain ? Ou va-t-il laisser à Data Domain, et à fortiori à ses partenaires, leur autonomie ?

 

En fait, les deux cas de figure sont possibles, souligne George Crump, patron de la société d’études spécialisée Storage Swizerland, qui signe une tribune chez notre confrère Storage Channel. A l’appui, il cite l’exemple d’EMC, qui a dissuadé les revendeurs Legato de vendre autre chose que ses solutions de stockage mais qui, dans le même temps, ne s’offusque pas de ce que les partenaires de sa filiale VMware puissent commercialiser des baies Netapp.

 

Une présence encore limitée en France

 

A noter que Data Domain a peu percé en France (comparé aux autres pays) et que le nombre de ses partenaires est limité, ce qui devrait faciliter les arbitrages. Les intégrateurs les plus établis sur sa technologie seraient Antemeta et Stordata. Pourtant, le premier n’a démarré son partenariat que depuis moins d’un an.

 

Un récent changement d’équipe commerciale semble toutefois avoir donné à la marque un nouvel élan. Plusieurs nouveaux partenariats auraient ainsi été signés ces derniers mois sous l’impulsion de cette équipe (qui est passée pour l’occasion de 2 à 4 personnes). L’accord de distribution avec Exclusive Storage, initié fin 2008, s’inscrit dans cette dynamique. FPS et RBS seraient également au nombre des partenaires.