Alors que l’alliance entre Netapp et Data Domain semblait acquise, le constructeur de systèmes de stockage EMC vient de proposer 20% de mieux que Netapp pour essayer d’emporter le spécialiste de la déduplication.

 

Moins de 10 jours après que Netapp ait annoncé sa volonté de racheter Data Domain pour 1,5 Md$, EMC vient de faire une contre-offre en proposant 1,8 Md$ en cash. Un véritable coup de théâtre pour les observateurs. D’abord parce que Data Domain avait déjà accepté l’offre de Netapp et que cette surenchère va le contraindre à reprendre la procédure de consultation de ses actionnaires.

 

Ensuite parce que EMC n’a en théorie pas besoin de la technologie Data Domain, ayant déjà plusieurs technologies de déduplication à sa disposition. Le constructeur de systèmes de stockage a ainsi un accord stratégique avec Quantum – qu’il n’a pas hésité à mettre sous perfusion pour le sortir de ses difficultés financières – dont il utilise la technologie développée pour ses VTL DXi.

 

EMC dispose également de la technologie logicielle du spécialiste de la sauvegarde et de la restauration Avamar, racheté fin 2006. Une offre plutôt positionnée face à Veritas Netbackup PureDisk de Symantec. Enfin, selon les spécialistes, EMC aurait d’autres projets en interne. « Le rachat de Data Domain viendrait mettre la pagaille dans le portefeuille de solutions déjà offertes par EMC », analyse un intégrateur de stockage partenaire de Data Domain qui ne souhaite pas révéler son identité.

 

EMC souhaite moins acquérir Data Domain qu’empêcher Netapp de le faire

 

Pour ce dernier, le véritable objectif de EMC est d’empêcher Netapp de convoler avec Data Domain, soit en lui soufflant sa promise sous le nez, soit en en faisant monter suffisamment les enchères pour mettre son concurrent en difficultés. Dans une lettre adressée à Franck Slootman, le président de Data Domain, Joe Tucci, le patron d’EMC, explique au contraire que leurs deux technologies sont complémentaires, l’une faisant référence en matière de déduplication à la source (EMC) et l’autre étant incontournable au niveau de la cible.

 

Cet intégrateur convient néanmoins que la technologie Data Domain présente un intérêt pour EMC, tout simplement parce qu’elle est meilleure que la sienne. « Tous les spécialistes de la déduplication vous le diront, explique-t-il, la technologie de Quantum recèle des points faibles notamment en termes de restauration. Or personne n’a jamais entendu parler de pertes ou d’altération de données concernant Data Domain ».

 

De fait, l’offre d’EMC sur Data Domain résonne d’ores et déjà comme un aveu. En voulant s’approprier la technologie de son concurrent, EMC qui a toujours claironné que sa technologie de déduplication n’avait rien à envier à celle de Data Domain, s’auto-désavoue. Qu’il parvienne à prendre le contrôle de ce dernier ou non, ses clients et partenaires ne manqueront pas de lui demander des comptes sur la pérennité de sa technologie.