La Fédération Eben a eu l’idée de diligenter à la Banque de France une étude pour mesurer l’impact de la crise sanitaire sur la situation économique et financière des entreprises de la filière du bureau et du numérique*. Une étude riche d’enseignements.

Première confirmation : le taux des défaillances a fortement diminué pendant la crise pour les entreprises positionnées sur les métiers de l’informatique, des télécoms et de l’impression, passant de 1,5% avant la crise a moins de 1% en 2021. Même avec une remontée de 40% du taux de défaillance en 2022 comme l’ont annoncé les analystes, le taux n’est pas revenu à son niveau de 2019.

À noter qu’avec un taux de créations (stable) autour de 6%, la filière affiche un taux de renouvellement extrêmement positif (autour de 6%).

L’étude constate en revanche que la filière a subi une baisse de chiffre d’affaires en 2020 mais que celle-ci est restée relativement limitée : -2,7% (à comparer aux -10,7% qu’ont enregistré les entreprises du mobilier de bureau ou les -14,3% des prestataires d’impression numérique). Surtout, cette érosion du chiffre d’affaires a été suivie d’un fort rebond l’année suivante (+7,5%).

Même tendance pour la valeur ajoutée qui s’effrite légèrement en 2020 (-0,9%) mais qui rebondit à +8,4% en 2021. Entre 2017 et 2021, le taux de valeur ajoutée de la filière des prestataires de l’informatique des télécoms et des solutions d’impression a ainsi progressé de 2,8 points, passant de 24,7% à 27,5% du chiffre d’affaires.

Du côté des effectifs, la filière est restée en progression tout au long de la période, avec un simple ralentissement de la croissance en 2020 (à +1,9%) avant de repartir en 2021 au niveau de 2019 (+3,5%) mais sans atteindre celui de 2018 (+7,1%).

Le gain économique par salarié (différence entre le rendement de la main d’œuvre et son coût) est resté à peu près stable durant la période Covid, autour de 19K€ par salarié. L’étude montre au passage le niveau relativement élevé des salaires moyens dans la filière : autour de 40 K€ net par an. En revanche, elle ne constate pas de tension inflationniste. Après un creux en 2020, les salaires moyens sont revenus à leur niveau de 2018 en 2021.

En termes de taux de marge d’exploitation (excédent après déduction des salaires mais avant les provisions et amortissements), la filière culmine à son plus haut niveau en cinq ans en sortie de crise à 6,6%. Une bonne performance en grande partie due à la prise en charge du chômage partiel par les pouvoirs publics.

À noter cet autre enseignement de l’étude : plus des deux tiers de la richesse créée par la filière (69%) est captée par les salariés.

Au final, l’effet de la crise sanitaire sur les entreprises de la filière IT paraît avoir été nul, le taux d’entreprises déficitaires étant resté stable en 2020 (à 15%) et ayant même diminué en 2021 (13%).

Sur le plan financier, la filière affiche une structure solide. L’encours crédit a certes sensiblement augmenté (+30% entre 2019 et 2021) mais, effet PGE oblige, la trésorerie nette a augmenté dans une proportion encore plus importante (+40%). Du coup, les deux phénomènes se neutralisent et la solvabilité des entreprises est plutôt en augmentation. Leur taux de fonds propres, est resté stable sur la période Covid à plus de 30%. Un niveau jugé satisfaisant par la Banque de France. Grâce à quoi, seules les 9% des entreprises de la filière sont jugées financièrement fragiles ou menacées, tandis que 74% d’entre elles bénéficient d’une cotation excellente ou satisfaisante.

*Hors entreprises individuelles, la Banque de France dénombre 15.546 entreprises en France relevant de la filière informatique, IT, télécoms et solutions d’impression.