La plupart des grands noms de l’IT et de l’électronique grand public vont transférer, ou envisagent de le faire, une partie de leur production hors de Chine révèle la Nikkei Asian Review. En cause, l’âpre bataille commerciale que se livrent Washington et Pékin, mais entre aussi en jeu la hausse des coûts de production dans l’Empire du Milieu.

HP et Dell, qui pèsent à eux deux 40% des ventes de PC, pourraient ainsi déplacer jusqu’à 30% de leur capacité de production. Le premier envisage de construire une nouvelle chaîne d’approvisionnement en Thaïlande ou à Taiwan, selon deux sources proches du dossier. Le second aurait quant à lui déjà lancé une « phase pilote » de production d’ordinateurs portables à Taiwan, au Vietnam et aux Philippines. Microsoft, Google, Amazon, Sony et Nintendo songent quant à eux à relocaliser une partie de leur fabrication de consoles de jeu et d’enceintes intelligentes ont affirmé d’autres sources à nos confrères japonais. Apple étudie de son côté le coût (économique et sans doute aussi politique) d’un transfert de 30% de sa production de smartphones hors de Chine, qui reste un important marché pour lui. Acer, Asustek et même le Chinois Lenovo envisagent eux aussi de changer leur stratégie de production.

La trêve conclue entre Donald Trump et Xi Jinping lors du sommet du G20 ne fera pas changer d’avis ces candidats au départ, la situation demeurant incertaine. Par ailleurs, les pays de l’Asie du Sud-Est et l’Inde offrent désormais des coûts de production plus favorables.

Les ODM Quanta Computer, Foxconn Technology et Inventec ont déjà franchi le pas et transféré une partie de leur production à Taïwan, au Mexique et en République tchèque, afin d’éviter la hausse des droits de douane mais aussi pour apaiser les inquiétudes de leurs clients concernant le risque d’installation de portes dérobées dans leurs serveurs. « Après l’entrée en vigueur des tarifs sur les produits chinois (…) le 24 septembre, nous avons commencé à fabriquer et à expédier des serveurs hors de Chine à partir d’octobre », a indiqué un responsable d’un fabricant de serveurs taïwanais.

Ces mesures porteront un coup dur aux exportations de produits électroniques de la Chine qui alimentent depuis des décennies la croissance du pays. Cette dernière connaît par ailleurs une baisse de régime et a atteint son rythme le plus lent depuis 1990. Ces relocalisations seront également préjudiciables au savoir-faire de la Chine en matière d’électronique estiment certains experts. « La Chine souffrirait au cours des prochaines années si elle ne pouvait plus bénéficier du savoir-faire que les exportateurs performants sur le plan mondial apportent à son économie », a ainsi déclaré Mark Williams, économiste en chef et spécialiste de l’Asie chez Capital Economics, une société de conseil en recherche économique basée à Londres.