Gartner estime que la pression sur les prix pourrait potentiellement conduire des sociétés de services à la faillite. Une analyse que ne partage pas Frédéric Giron, directeur des études de PAC.

 

Gartner a fait sensation cette semaine en publiant une étude dans laquelle il annonce que la pression exercée par les clients sur les prix des SSII, y-compris sur leurs contrats pluri-annuels, est susceptible de mettre certaines d’entre elles en danger de faillite.

 

Le Gartner estime que les prix dans l’infogérance vont reculer de 5 à 20% d’ici à 2010. Dans les services applicatifs, le cabinet constate déjà des baisses de prix à un chiffre en Inde, allant jusqu’à 20% en Chine. En Europe et aux USA, Gartner anticipe une contraction des services de consulting et d’intégration de 3 à 5%.

 

Des baisses de prix supérieures à leurs marges

 

Des baisses de prix qui sont dans la plupart des cas supérieures aux marges nettes dégagées par les premières concernées, prévient Gartner. D’où le danger bien réel sur leur pérennité. Le cabinet leur conseille en conséquence protéger leur marge en abaissant leurs coûts, en développant de nouvelles offres plus industrialisées et en jouant la carte des partenariats et des filialisations d’activité.

 

Néanmoins, Frédéric Giron, directeur des études chez Pierre Audoin Consultants est très sceptique sur la pertinence de cette étude pour le marché français. Selon lui, la situation y est très différente de celle des marchés allemands ou britanniques. Il souligne que la marge de manœuvre en termes de baisse des prix est beaucoup plus faible en France dans la mesure où les salaires sont déjà très bas.

 

Les clients n’ont pas intérêt à imposer aux SSII de vendre à perte

 

De fait, les clients n’auraient pas obtenu les remises qu’ils demandaient. « On entend dire que les clients ont exigé 10 ou 15% de rabais. Au final, ils n’ont eu que quelques pour cent. Et encore, l’évolution des prix est très différenciée selon les types de prestation. Les services d’infrastructures sont sous pression mais ce n’est pas le cas pour le test par exemple. » « Les clients sont intelligents. Ils sont capables d’estimer les marges de leurs fournisseurs et n’ont pas intérêt à leur imposer de vendre à perte », juge-t-il.

 

Il admet pourtant que cette pression sur les prix aura un impact sur les marges. Mais pas au point de mettre en danger la pérennité des sociétés de services concernées. « Nos SSII françaises ont réussi à mettre en place des modèles industriels et des centres de services qui leur permettent de continuer à se développer même en période de crise. La preuve : l’off-shore n’a pas tant de succès que ça. Il culmine à 5% du marché et progresse lentement. »