Gartner vient de livrer l’édition 2016 de son quadrant magique pour le marché du IaaS (infrastructure sous forme de service). Une rapide comparaison avec celui de 2015 permet de constater qu’autant il est favorable à Amazon Web Services (AWS) et Microsoft, qui confortent leur domination, autant il est défavorable à IBM et VMware, qui se trouvent rétrogradés du carré des visionnaires à celui des acteurs de niche. Seul acteur à se maintenir dans le carré des visionnaires : Google, qui se rapproche un peu du carré des leaders au passage.

Quadran magique IaaS 2016

Quadran magique IaaS 2015

AWS est désormais qualifié de « fournisseur mature » par Gartner qui lui reconnaît de surcroit le leadership en matière d’agilité et de d’innovation. Pour Gartner, c’est lui qui offre « la plus large gamme de fonctionnalités IaaS et PaaS, la plus grande aptitude à gérer un grand nombre d’utilisateurs et de ressources, la plus grande capacité de calcul utilisée par des clients payants, le plus grand nombre de cas d’usages (y compris en matière d’applications critiques), le plus grand écosystème d’outils open source, le plus grand nombre de partenaires technologiques (plus d’un miller) ayant packagé leurs solutions pour tourner sur son Cloud »… L’entreprise bénéficie « d’un écosystème partenaires certifiés et continue de développer rapidement son offre de services et la valeur ajoutée de ses solutions. Elle conserve une avance de plusieurs années sur ses concurrents et s’est donc logiquement imposée comme l’étalon de référence dans toutes les études comparative et comme un choix sûr pour tous les clients même si elle ne constitue pas la solution idéale pour tous les besoins ».

L’utilisation optimale d’AWS requiert une expertise

Gartner note ainsi que « s’il est facile de démarrer avec AWS, son utilisation optimale requiert une expertise ». Ce qui suppose de recourir le cas échéant à des services tiers en sus du support standard, notamment à de la formation et à de l’assistance technique. Perçu également comme le premier de la classe pour ses coûts de revient, AWS n’est pas forcément le mieux-disant en matière de tarifs, ajoute le cabinet d’études. « Sa structure de prix grannulaire est complexe et l’utilisation d’outils de gestion des coûts tiers est fortement recommandée. Les organisations les moins agiles ou aux besoins limités risquent de ne pas profiter pleinement du rythme rapide d’introduction de nouveaux services et fonctionnalités d’AWS ». Et la profusion des options possibles peut rapidement s’avérer paralysante, d’autant que l’abandon progressif des services les moins populaires implique de faire les bons choix a priori, compliquant encore la donne, prévient le cabinet d’études

Au vu de ces différentes caractéristiques, Gartner préconnise d’utiliser AWS pour tous les cas d’usage fonctionnant correctement en environnement virtualisé. Pour les applications potentiellement difficiles à virtualiser ou multitenant, Gartner préconnise de prêter une attention particulière à l’architecture.

Gartner donne crédit à Microsoft d’avoir su « déployer rapidement de nouvelles fonctionnalités et de nouveaux services ». « Ses services de plateforme et d’infrastructures sont taillés pour étendre et interagir de manière transparente avec les infrastructures Microsoft sur site, les outils de développement Microsoft, le middleware, les applications ainsi que les applications SaaS de Microsoft ». Gartner note que Microsoft est de plus en plus ouvert et de moins en moins tributaire de son héritage. « Sa marque, ses relations avec les clients historiques, son expérience dans les outils et les applications Internet, ses investissements intenses en ingénierie et sa feuille de route innovante ont permis à Microsoft d’atteindre rapidement le statut de fournisseur Cloud stratégique », souligne Gartner. À force de promotions agressives et de remises commerciales, « Microsoft a réussi à développer Azure rapidement et à conquérir la position de numéro deux du marché. Microsoft a promis de maintenir des tarifs de base comparables à ceux d’AWS pour le grand public et avec les remises de leur contrat Enterprise Agrement, les entreprises bénéficient d’un rapport performance-prix comparable à celui d’AWS », note le cabinet d’études. « Même s’il n’est ni aussi riche, ni aussi mature que celui d’AWS, le Cloud de Microsoft peut désormais être jugé assez bon ».

Microsoft est de plus en plus ouvert et de moins en moins tributaire de son héritage

Toutefois, Gartner souligne quelques points faibles. Alors que Microsoft a « globalement tenu ses délais pour développer des fonctionnalités critiques permettant d’offrir aux entreprises la sécurité, la disponibilité, la performance, la flexibilité réseau et la gestion des utilisateurs qu’elles attendaient », ces fonctionnalités n’ont pas été implémentées « avec le niveau d’exhaustivité, la simplicité d’utilisation ou l’accès aux API souhaité ». « Des difficultés exacerbées par une documentation désorganisée, incomplète et parfois dépassée, ainsi qu’un support qui n’est pas toujours capable de résoudre les problèmes qui surviennent lors des implémentations complexes, un nombre limité d’experts d’Azure hors de Microsoft (qu’ils soient consultants ou salariés) et peu d’options de formation ». « Microsoft est encore en phase de construction de son réseau de partenaires, poursuit Gartner. Il a su constituer un réseau de partenaires capables de fournir des services managés et des services d’assistance technique mais beaucoup d’entre eux manquent d’expérience et ne sont pas à la hauteur des prestataires nés dans le Cloud, ce qui réduit la valeur pour les clients ». Quant aux prestataires de services Cloud, ils seraient confrontés s’agissant d’Azure à des problèmes, notamment « de fiabilité de l’API et d’authentification », qui les ralentissent dans leur travail.

S’il lui trouve des points forts indéniables, Gartner est aussi très critique vis-à-vis de Google. « Google possède une vaste expertise dans la mise à l’échelle des plateformes technologiques grâce à son activité grand public, note ainsi Gartner. Google a été le pionnier des technologies innovantes touchant aux infrastructures, de la conception de son datacenter, à l’usage des conteneurs, à la cause desquels il a œuvré via Kubernetes, son outil d’orchestration de conteneurs. Il a une vision globale et une vaste expérience de comment développer et gérer des applications natives Cloud. Google capitalise sur son expérience dans le big data pour gagner en pertinence dans des domaines comme l’analytique et l’apprentissage machine. Il se distingue également par d’excellents ratios prix-performance dans le traitement batch, sa rapidité dans le provisionnement de machines virtuelles et sa facturation à la minute ».

L’étendue des fonctionnalités et des services de Google Compute Engine n’est pas à la hauteur de celle des leaders

Mais, entré sur le marché du IaaS que fin 2013 avec Compute Engine, « l’étendue de ses fonctionnalités et de ses services n’est pas à la hauteur de celle des leaders, note Gartner. Il manque encore des fonctionnalités clés pour les grandes organisations telles qu’une gestion des utilisateurs, un contrôle d’accès basé sur les rôles grannulaire et personnalisable, des topologies réseaux complexes comparables à celles disponibles dans les datacenters d’entreprise et l’accès à des contrats de licences logicielles et de portabilité de licences. Bien qu’il introduise régulièrement de nouvelles fonctionnalités, sa vélocité de publication n’est pas encore suffisante pour prétendre faire partie des leaders. Google en est encore au stade de l’apprentissage lorsqu’il s’agit d’engager avec des grands comptes, notamment ceux dont le business n’est pas tourné vers les technologies. Malgré un changement de leadership en au début de 2016, nous pensons que c’est toujours insuffisant pour suivre le mouvement dans le service, les ventes, le marketing, l’écosystème partenaires pour faire de Google un acteur suffisamment attractif dans le IaaS ».

De la même façon, l’offre IaaS de VMware ne trouve plus suffisamment grâce aux yeux de Gartner. « vCloud Air est seulement l’une des stratégies mises en œuvre par VMware pour répondre à la montée en puissance des services Cloud, au même titre qu’il promeut les fournisseurs de services utilisant sa technologie ou qu’il propose des outils de gestion d’infrastructures capables de prendre en comptes les infrastrucres Cloud VMware et non VMware, écrit le cabinet d’études. Même s’il continue d’investir dans son service et que son service continue de grossir, VMware ne cherche plus à étendre significativement sa couverture géographique, ni à investir dans l’ingénierie qui lui permettrait d’étendre son bouquet de fonctionnalités au-delà de ce qui est attendu d’un IaaS classique, poursuit Gartner. vCloud Air exerce un attrait limité sur les responsables métiers et les responsable des développements applicatifs qui sont typiquement les décisionnaires clés en matière de Iaas. Les administrateurs VMware et les responsables informatiques sont ses cibles de prédilection mais ces derniers sont en général plus portés sur la construction de de solutions en internes et sont souvent les populations ques les directions métiers cherchent à contourner en se portant dans le Cloud ». De plus, alors que VMware peut compter sur un channel puissant, le channel vCloud Air serait plutôt étriqué.

Softlayer n’a que peu évolué depuis son acquisition par IBM fin 2013

Même position très critique vis-à-vis d’IBM Softlayer. « Mis à part l’introduction de nouvelles options de stockage, le Cloud Softlayer n’a que peu évolué depuis son acquisition par IBM fin 2013. L’offre est peu différenciante si l’on excepte sa capacité à mixer environnements virtualisés et serveurs nus et sa large diffusion géographique. Softlayer utilise sa propre technologies et API, ce qui limite le support par des outils tiers. IBM a fait évoluer son orientation stratégique vers une intégration IaaS et PaaS, mise à disposition via son portail Bluemix ». Gartner estimes que le rôle de Softlayer est avant tout de devenir une plateforme d’accès au reste de l’activité d’IBM. « Il représente une option d’hébergement viable pour ses clients stratégiques externalisés mais Gartner recommandent aux clients IBM cherchant un IaaS de se tourner vers une alternative à Softlayer. Historiquement fortement tourné vers l’hébergement dédié en self service pour les PME, SoftLayer manque d’un sertains nombre de fonctionnalités attendues par les grands comptes. »

On notera l’absence d’Oracle de ce quadrant magique, qui se revendique pourtant comme un acteur majeur du Cloud et ambitionne même de prendre le leadership du marché devant AWS.