La crise a mis un coup d’arrêt brutal à la croissance des SSII, explique Frédéric Giron, directeur des études chez PAC. Plus inquiétant, même l’infogérance subit un allongement des cycles de vente.

 

A l’issue de cette première moitié de l’année, nous avons souhaité faire le point sur la manière dont la crise a affecté le secteur des services informatiques. Nous avons demandé son avis à Frédéric Giron, directeur des études chez Pierre Audoin Consultants, qui suit ce marché au sein du cabinet d’études et qui est notamment à l’origine du classement des 50 premières SSII françaises.

 

Channelnews : Quelle est votre analyse l’exposition des SSII à la crise et comment se traduit-elle sur leur niveau d’activité ?

Frédéric Giron : La lecture des résultats du premier trimestre montre que les SSII ont perdu, ainsi que nous l’avions anticipé, quatre à six points de croissance par rapport au quatrième trimestre 2008. Le marché avait alors progressé de 5 à 6%. Au premier trimestre, il a stagné, voire légèrement décru. En organique, GFI a fait -1%, Steria -1,6%, Capgemini -0,8%…

Pour le deuxième trimestre, on sait déjà que mai sera défavorable ne serait-ce qu’en termes de nombres de jours travaillés. Néanmoins on observe des signes positifs venant des USA et des marchés financiers qui laissent penser que la situation a cessé de se dégrader. On attend avec impatience les chiffres du deuxième trimestre pour en avoir la confirmation.

Toutefois un élément nous inquiète : alors que l’on s’attendait à une progression de l’infogérance, comme c’est le cas habituellement en période de crise, on constate des reports de signatures qui pourraient avoir un impact non négligeable à terme. Notre prévision d’un marché des services IT stable en 2009 intégrait une croissance embarquée du marché de l’externalisation de l’ordre de 5% à 6%.

 

Quelles sont les prestations les plus touchées ?

Frédéric Giron : Toutes les prestations facturées en régie et pouvant être arrêtées facilement souffrent. C’est notamment le cas des missions de conseil IT ou de conseil en management qui viennent habituellement en amont de projets lourds que les clients tendent aujourd’hui à décaler.

C’est moins vrai sur les prestations fournies dans le cadre de projets l’optimisation du système d’information où le retour sur investissement est tangible. Les architectes, les spécialistes en virtualisation, les développeurs Java et .Net restent recherchés.

 

Comment cela se traduit-il sur l’emploi ?

Frédéric Giron : Les SSII hésitent à licencier car elles étaient ressorties de la dernière crise avec une image très écornée en raison des importantes réductions d’effectifs qu’elles avaient opérées. Il y a certes des licenciements individuels mais pas de licenciements collectifs. Elles ne savent pas quand la reprise viendra mais il se peut que l’avenir réserve de bonnes surprises. Elles auront besoin pour cela de compétences et souhaitent rester attractives pour les jeunes. Toutefois, la grande inconnue concerne la promotion 2008-2009 qui arrive sur le marché. Dans quelle mesure les stages vont-ils être transformés en CDI ? On ne sait pas. Il est probable qu’on sera loin des scores de la promotion 2007-2008 qui était déjà casée à 70-80% dès le mois de juin 2008.