La reprise se dessine peu à peu dans les services, tout en restant hésitante. Mais tous s’attendent à une inflexion de tendance plus nette dans la seconde moitié de 2010.

 

Les signes de reprise dans les services sont de plus en nets. Malgré tout, en dépit d’effets de base favorables (au second trimestre 2009, les effets de la crise impactaient nettement l’activité des SSII), tous les grands noms ne sont pas encore revenus à la croissance. Cap et Atos, notamment, continuent à voir leur chiffre d’affaires se contracter au printemps 2010.

Si les signes positifs se multiplient dans le secteur privé, avec notamment le redémarrage des investissements dans la finance ou l’industrie visible dans les chiffres d’Accenture, le secteur public – seul havre de paix pour les SSII pendant la crise – donne de premiers signes de faiblesse. Touchés par la crise de la dette, les grands états industrialisés, Grande-Bretagne mais aussi France, cherchent à réduire leurs dépenses informatiques (lire notre dossier sur le sujet).

Bonne nouvelle pour les informaticiens français : dans les chiffres de Cap, Atos et Logica, l’Hexagone se détache nettement comme un des pays les plus dynamiques du continent en matière de services informatiques.

Capgemini solide dans son fief hexagonal

La première SSII hexagonale a livré, en publiant au cœur de l’été ses résultats semestriels, des signes rassurants quant à la reprise de l’activité. Alors que Capgemini s’attendait à une décroissance de 8 % sur ces six premiers mois de 2010, la contraction est finalement limitée à 6,1 % à taux de change et périmètre constants (- 3,8 % en périmètre courant). Le chiffre d’affaires s’établit à 4,2 milliards d’euros sur les six premiers mois de l’année.

Une bonne nouvelle qui résulte de la performance de la SSII au second trimestre, où le chiffre d’affaires ne recule « que » de 4,4 % sur un an. Si le chiffre d’affaires de Cap au printemps reste en recul sur un an (il progresse par rapport aux trois premiers mois de l’année), c’est encore et toujours en raison de son activité infogérance (- 7 % au second trimestre), plombée par l’arrêt de contrats majeurs en 2009. Reste que, sur ce segment, les perspectives s’éclaircissent pour le groupe dirigé par Paul Hermelin, cette activité progressant au second trimestre de 2,9 % par rapport aux trois premiers mois de l’année. Si les services de proximité (Sogeti) semblent avoir retrouvé une stabilité, les deux autres activités du groupe, l’intégration et surtout le conseil, continuent à afficher des décroissances importantes sur un an. Pour le conseil, le recul approche même les 10 %.

Au second trimestre, l’activité en France fait toutefois bien mieux que la moyenne du groupe, avec une progression de 1,7 % sur un an. La première géographie du groupe retrouve donc le chemin de la croissance, après une décroissance encore spectaculaire (- 7 %) en début d’année.

Sur le six premiers mois de l’année, Capgemini a augmenté ses effectifs de 5 000 personnes environ (à plus de 95 500 personnes); la confirmation des intentions affichées par Paul Hermelin de reprendre les embauches très tôt pour ne pas louper le train de la reprise. Ces recrutements concernent avant tout les pays à bas coût où Cap a effectué, sur les six premiers mois de l’année, 68 % de ses embauches (majoritairement en Inde). Plus de 34 % des salariés de Cap se situent désormais dans les pays à bas coût, une progression de près de 4 points en six mois. Ce choix d’augmenter le poids de l’offshore dans ses prestations se ressent sur le tarif journalier moyen. En intégration par exemple, celui-ci passe à 422 € au second trimestre, contre 477 € il y a un an, et encore 444 € au premier trimestre 2010. Pour l’instant, ce choix de l’offshore semble donc profiter plus aux donneurs d’ordre qu’à Cap lui-même, dont la marge opérationnelle au premier semestre s’établit à 5,8 %, 0,8 point de moins que voici un an.

Le groupe se montre confiant pour le second semestre, exhibant des prises de commandes en hausse de 14 % sur un an au premier semestre (+ 32 % pour le seul second trimestre). Une progression largement due à des signatures ou renouvellements de contrats dans l’outsourcing. La SSII s’attend à une progression de 3 à 5 % de son chiffre d’affaires au second semestre, un rebond qui sera favorisé par la faiblesse de la seconde moitié de 2009, épicentre de la crise.

Atos-Origin a mal à l’infogérance

Comme Capgemini, Atos-Origin bénéficie, au second trimestre, d’un effet de base favorable (la crise s’étant manifestée dans les résultats des SSII au second trimestre 2009), permettant à la SSII de freiner sa décroissance. A près de 2,5 milliards d’euros, le chiffre d’affaires du premier semestre recule de 4,6 %, contre 5,5 % de chute pour le seul premier trimestre. Principale priorité de l’actuelle direction, la marge progresse nettement passant de 4,6 à 6 % en un an.

Comme en début d’année, l’inquiétude provient du soudain accès de faiblesse de l’infogérance. Alors que cette activité avait porté le groupe en 2009, elle encaisse un – 6,2 % au premier semestre (contre seulement – 4 % au cours des trois premiers mois de l’année). La SSII explique une nouvelle fois ce revers par son désengagement du contrat Arcandor, son client allemand en faillite qui a déjà érodé sa marge en 2009, et par le manque de cross-selling avec ses clients existants. Sur cette activité, les prises de commandes sont elles aussi en berne : au second trimestre, le ratio prises de commandes sur facturation y descend ainsi à 0,77, ce qui augure d’une nouvelle dégradation de cette activité dans les mois qui viennent.

Thierry Breton, le Pdg, peut en partie se consoler de ce revers avec la stabilisation progressive de l’autre poids lourd du groupe (également autour de 900 M€ sur les six mois), l’intégration de systèmes. Encore en décroissance de 12 % fin 2009, puis de 8,7 % sur les trois premiers mois de l’année, cette dernière est finalement parvenue à limiter sa décroissance à 5,6 % sur le semestre. Plombée par le conseil (toujours en décroissance à deux chiffres et déficitaire), la SSII peut en revanche compter sur la solidité inaltérable de Worldline (en croissance de 2,2 % pour une marge supérieure proche de 16 %). Le recul des filiales au Benelux (-11,2 %), zone très marquée par la crise, et de l’Allemagne (frappée par la faillite d’Arcandor) handicapent le groupe, qui peut en revanche compter sur la stabilité de la France (+0,1 % au premier semestre), première source de revenus de la société.

Les effectifs d’Atos continuent de reculer perdant près de 850 personnes en 6 mois. En France, la SSII employait 11 600 personnes environ fin juin, 370 de moins que fin décembre. Même si les effectifs sont stabilisés depuis avril, explique le groupe. Atos-Origin compte 5 500 personnes environ dans les pays offshore (11 % du total, trois fois moins que Cap en proportion). La SSII poursuit la réduction du recours à la sous-traitance pour améliorer ses marges.

Logica peut dire merci aux « froggies »

Devenue la première implantation du groupe Logica, la France, où la SSII s’est renforcée via le rachat d’Unilog, explique largement la bonne tenue de la SSII anglaise. Portée par sa filiale hexagonale (qui enregistre un + 6 %, à 507 M€), Logica termine son premier semestre sur un chiffre d’affaires de 2,29 milliards d’euros, en recul de 1 %, pour une marge opérationnelle de 6,7 %. Rappelons que le Britannique avait terminé son premier trimestre sur une décroissance de 2 % et que la France n’était, sur ces trois premiers mois, en progression que de 2 %.

 

Le coup d’accélérateur des activités hexagonales (+ 10 % au second trimestre), reflétant la montée en charge de grands contrats signés en 2009 (notamment l’Opérateur National de Paie), explique donc en bonne partie le retour à l’équilibre de la SSII anglaise au second trimestre, où le chiffre d’affaires est resté stable sur un an. Dans l’Hexagone, le Britannique explique avoir remporté deux nouveaux contrats majeurs avec la Banque Postale (gestion d’une partie d’un centre de services, 3 ans) et Orange (système de facturation pour le mobile, 5 ans).

Le ciel n’est encore toutefois pas encore sans nuages pour la société dirigée par Andy Green. Toujours en sévère recul au Benelux, Logica enregistre en plus les premiers ratés d’un de ses points forts traditionnels : l’activité en Grande-Bretagne, majoritairement réalisée via des contrats d’outsourcing auprès du secteur public. Le chiffre d’affaires outre-Manche recule de 3 % sur le semestre, alors que la progression était encore de 3 % au premier trimestre. Logica explique ce revers par un grand contrat dans les télécoms qui avait démarré au second trimestre 2009, faussant la base de comparaison.

 

Mais le secteur public (plus de 60 % du total) est aussi en décroissance outre-Manche. Les premières conséquences des coupes claires décidées par le gouvernement de sa Gracieuse Majesté ? Globalement, le chiffre d’affaires issu du secteur public – première source de revenus de Logica, près d’un tiers du total – est lui aussi en recul sur le semestre (- 2 %), alors qu’il avait largement contribué à la stabilité de Logica au cours de la crise. « A moyen terme, nous restons optimistes sur les perspectives de ce marché », tempère Logica dans un communiqué, tout en reconnaissant un ralentissement des prises de décision en Grande-Bretagne, phénomène qui « perdurera au second semestre », avoue la SSII.

Les activités cycliques (intégration et conseil) freinent péniblement leur décroissance. Après – 8 % au premier trimestre, cette dernière est revenue à – 5 % au second. Côté outsourcing, la SSII maintient une croissance solide (+ 9 % au premier semestre), même si cette dernière a tendance à ralentir graduellement.

La SSII compte quelque 39 000 personnes (200 de plus que fin décembre), dont 5 650 employés offshore (550 de plus qu’un an plus tôt). Logica explique avoir recruté 560 personnes en France au premier semestre, et s’attend à un niveau similaire d’embauche au second semestre. La conséquence logique du redémarrage du turnover.

Accenture revient dans le vert

Décalé d’un mois par rapport au rythme de publication de ses rivaux européens, Accenture bénéficie à plein d’un effet de base favorable pour publier des résultats flatteurs pour son troisième trimestre fiscal 2010, clos le 31 mai. A 5,57 milliards de dollars, le chiffre d’affaires progresse de 4 % en monnaies locales, alors que la décroissance atteignait encore 8 % au trimestre précédent. En dollars, la croissance atteint même 8 %. La marge opérationnelle, qui était restée bien orientée pendant la crise, progresse encore légèrement à 14,4 %.

Ce retour à la croissance, après plusieurs trimestres de vaches maigres, s’explique largement par le redécollage des activités cycliques (intégration et conseil), qui sont en expansion de 4 %, alors que le tassement atteignait encore 9 % au trimestre précédent. La partie outsourcing (42 % du total) est elle aussi de nouveau en croissance : après s’être contractée de 6 % au cours des deux trimestres précédents, elle progresse de 3 %. Par secteurs, ce sont les moteurs traditionnels de la SSII américaine (la finance, l’industrie et les « utilities ») qui expliquent ce rebond : comptant toutes trois pour plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires, elles reviennent à des niveaux de croissance confortables, compris entre 5 et 9 %. Seule l’activité télécoms et industrie high tech reste, sur ce trimestre, dans le rouge.

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