S’exprimant à Cahors dans le Lot, à l’occasion de la Conférence nationale des territoires, le Premier ministre, Edouard Philippe, a présenté son plan Internet haut débit. Il a promis à tous les Français « une connexion de 8 mégabits par seconde d’ici 2020 et en très haut débit, soit une connexion de 30 mégabits par seconde d’ici 2022 ».

Pour atteindre cet objectif il a indiqué qu’il fallait recourir à un mix de technologies. « Il y a la fibre bien sûr, mais chacun peut comprendre qu’on ne peut pas installer dès à présent la fibre dans toutes les maisons et dans tous les hameaux de France. Ce qui compte, c’est donc la qualité de la connexion. Et cette qualité, on doit l’assurer dans chaque maison et dans chaque hameau de France ». Pour y parvenir, il préconise, outre la montée en débit du cuivre, l’utilisation du réseau mobile, la boucle locale radio pour laquelle de nouvelles fréquences seront ouvertes dès le début de 2018, ainsi que le satellite qui selon lui permet d’atteindre les habitations les plus éloignées avec un niveau de qualité très satisfaisant. « Ce mixte technologique, il existe et c’est une chance, nous devons en tirer parti », a-t-il ajouté.

Le choix de la technologie se fera en fonction du territoire à couvrir. « Dans les zones denses, la concurrence des opérateurs fonctionne très bien et la fibre sera partout d’ici 2020 », a estimé le Premier ministre. Pour les zones moins denses – des villes comme Cahors, Pradines, Mulhouse ou encore Blois – il engage les opérateurs à respecter leurs engagements pris en 2011. « Des engagements pas véritablement suivis d’autres choses que d’engagements ». Dorénavant, les opérateurs qui ne les respectent pas seront sanctionnés. « Pour se faire nous renforcerons les dispositions de l’article L-33.13 du code des communications électroniques, dans le cadre du projet de loi, Logement », a assuré Edouard Philippe.

Reste enfin les zones peu denses, éligibles aux réseaux d’initiative publique (RIP). Pour financer ces derniers, il va engager l’enveloppe de 3,3 milliards d’euros prévue par le plan France très haut débit, une enveloppe qui s’ajoute aux financements, d’un montant équivalent, des collectivités locales. L’Etat vient ainsi de débloquer 416 millions d’euros pour développer des RIP concernant l’Ardèche, la Drôme, la Bretagne, la Dordogne, l’Eure, l’Indre et Loire, et l’Oise. « Au total cet effort (ndlr : l’enveloppe) devrait permettre de couvrir en fibre 60 % des zones peu denses et de satisfaire l’ensemble des demandes qui ont déjà été déposées par les collectivités », a affirmé Edouard Philippe. Selon lui, certains d’entre-elles sont devenues viables et devraient être couvertes par les opérateurs. Elles seront recensées et pourront faire l’objet d’un appel à manifestation d’intentions d’engagements locaux (AMEL) par les collectivités publiques. Autre option, certaines zones bénéficieront d’une liaison en fibre « jusqu’à un nœud de raccordement suffisamment proche pour que la qualité du débit s’améliore de façon significative ». 

Pour les zones les plus isolées dans lesquelles vivent entre un million et demi et deux millions de foyers, le gouvernement a promis « du cousu-main » Les habitants de ces zones pourront s’adresser à un guichet « Cohésion numérique ». Ces guichets disposeront d’une enveloppe globale de 100 millions d’euros pour aider les ménages qui en auront besoin à se doter de la technologie la plus appropriée à leur lieu de résidence, la 4G ou encore la boucle locale radio satellite. « Ça voudra dire dans la plupart des cas prendre la forme d’un chèque numérique qui leur permettra de financer l’achat d’une parabole, quand la solution satellitaire sera retenue, d’une antenne ou d’une box. »

Enfin, concernant la téléphonie mobile, le Premier ministre a voulu «lever un gros malentendu». Rappelant que les opérateurs annonçaient 99% de couverture et 90% pour la 4G, il s’en est tenu aux nouvelles cartes de couverture de l’Arcep, selon lesquelles « 60 % du territoire et beaucoup moins de 99 % de la population bénéficient effectivement d’une bonne couverture ». Pour remédier à cet état de chose, Edouard Philippe va demander aux opérateurs « d’apporter la 4G dans les 10.000 communes qui ne l’ont pas encore et qui regroupent, elles aussi, tout de même plus d’un million de Français et 10 % du territoire »,  et qu’ils fassent un effort pour généraliser la couverture intérieure des bâtiments. « Il existe des solutions techniques pour y remédier et je serai incapable de vous en expliquer le fonctionnement, mais elles existent. Donc, il faut aider les Français à en bénéficier ».