Après la cession d’Altitude Telecom à Completel, le groupe normand appartenant à Jean-Paul Rivière conserve l’entité Altitude Infrastructure. Petit tour d’horizon avec son PDG David El Fassy.


Channelnews : Pouvez-vous nous présenter brièvement Altitude Infrastructure ?


David El Fassy: Altitude Infrastructure dégage un chiffre d’affaires de près de 35 millions d’euros et emploie 130 collaborateurs. La séparation a été entamée depuis très longtemps entre Altitude Telecom et Altitude Infrastructure. Les métiers se sont scindés en 2005 et depuis 2007 les deux entités ne partagent plus le même site. Enfin en 2008, il y a eu dissociation totale entre elles.

Le métier d’Altitude Infrastructure consiste à construire des infrastructures télécoms en relation avec les collectivités locales, où plutôt, à co-investir dans la construction de réseaux qui seront ensuite commercialisés auprès d’opérateurs, notamment auprès d’Altitude Telecom. Jusqu’à aujourd’hui nous nous attachons à assurer du mégabit à tous à travers le plan gouvernemental « France Numérique 2012 ». Nous avons développé 12 initiatives sur 16 départements en utilisant différentes technologies comme le WiMax, la fibre optique, l’ADSL ou le satellite.

Aujourd’hui se profile le marché du très haut débit. Internet, qui croît de 37% par an sur nos réseaux actuels, ne suffira pas. C’est pourquoi il y a un nouveau plan gouvernemental pour couvrir de fibre tout le pays d’ici 2025. Dans ce cadre, les grands opérateurs – et c’est bien normal – se concentrent sur les zones denses. Nous, nous allons continuer les déploiements en zone rurale.

Vous êtes un des seuls opérateurs à défendre le WiMax en France.


David El Fassy: Il y a quatre ou cinq ans, il n’y avait pas beaucoup d’autres solutions. Le multiplexage ou la montée en puissance du cuivre n’existaient pas. Nous sommes agnostiques en matière de technologie.

Le WiMax est une technologie crédible mais pas une fin en soi. En dessous de 250 lignes, mieux vaut faire de la radio. Balayer de la radio serait une grosse erreur.

Aujourd’hui, nous installons 40 émetteurs en Ile-et-Vilaine et nous déployons 122 émetteurs en Bourgogne. En fin d’année, nous aurons plus de 800 émetteurs WiMax installés dans le pays avec plus de 15.000 clients gérés par les opérateurs de services.

Après cette période de forte construction des réseaux nous allons pleinement nous lancer dans leur commercialisation.

Il y a deux ans vous envisagiez de déployer du WiMax mobile à Rouen. Cette technologie a-t-elle encore de l’avenir ? Ou en est ce projet ?


David El Fassy: Le WiMax mobile fonctionne, le LTE fonctionne surtout sur le papier. Aujourd’hui, ma préoccupation n’est pas la technologie WiMax mais d’utiliser le spectre disponible sur le territoire. Nous sortons un livre blanc sur tous ces sujets.

Nous avons développé avec Vinci Energie un réseau WiMax pour couvrir la ville de Rouen en haut débit fixe. Même en environnement urbain, le WiMax peut être une technologie efficace pour déployer rapidement des bornes haut débit.

Lorsqu’il s’agit de déployer du très haut débit, c’est à dire à partir de 50 mégabits descendants, on déploie de la fibre.

Dans une quinzaine d’années, les élus ne voudront plus de fracture numérique entre la ville, qui bénéficie de 100 mégabits, et les campagnes. Il faudra alors s’assurer que 80% des sommes investies le seront dans le très haut débit. Pour diminuer les coûts on peut associer des faisceaux hertziens à de la fibre pour se connecter à notre coeur de réseau.

Vous évoquiez tout à l’heure le co-investissement avec les collectivités locales. Comment s’effectue le partage ?


David El Fassy: Pour le haut débit, les investissements ont été de 190 millions d’euros, dont 40 millions d’euros pour Altitude Infrastructure et 150 millions d’euros à charge des collectivités. Cela dit, le futur n’est pas encore dessiné.

Les contrats stipulent que nous avons la gestion du réseau pendant 15, 20 ou 25 ans. Après, ce lui-ci retourne à la collectivité.

Comment s’annonce l’année 2011 ?


David El Fassy: Nous n’avons pas de projets à court terme. Il manque un cadre réglementaire pour le très haut débit. L’Arcep doit légiférer sur l’utilisation des fourreaux, les collectivités locales doivent décrire leur schéma d’aménagement, et les grands opérateurs doivent fournir pour janvier 2011 le déploiement de leurs réseaux. C’est tout cela qui fait un cadre réglementaire.

L’Etat va développer des projets pilotes. Nous avons postulé pour participer à cette partie expérimentale.

En attendant nous sommes sur des projets concernant le Poitou, le Calvados et Auxerre.

J’ai lu sous la plume d’un confrère que le groupe Altitude envisageait de se diversifier dans les datacenters.


David El Fassy: Le président du groupe Altitude, Jean-Paul Rivière, travaille pleinement sur un projet de diversification dans lequel les datacenters ont leur place. Nous possédons actuellement un datacenter à Val-de-Rueil, loué à Altitude Telecom.

Avez-vous des projets de croissance externe ?


David El Fassy: Altitude a intégré un FAI qui propose du haut débit Internet au monde rural. Wibox adresse aujourd’hui 3 millions de foyers situés en zone blanche. Nous avons également acquis Luxinet qui propose du haut débit dans les Monts du Lyonnais. La croissance externe a donc du sens.