Le grossiste en sécurité annonçait hier une recomposition de son capital. Nous avons demandé à son PDG, Olivier Breittmayer de nous livrer les ressorts de cette opération et de sa croissance exceptionnelle.


Channelnews : Vous venez d’annoncer un changement d’actionnaire majoritaire. Omnes Capital, présent au capital depuis juillet 2010, a vendu sa participation à un pool d’investisseurs emmené par Cobepa. Quelle est la justification de cette recomposition du capital ?

Olivier Breittmayer : Omnes Capital [ex-Credit Agricole Private Equity désormais détenu par ses salariés] était arrivé au maximum des fonds qu’il pouvait investir au sein d’Exclusive Group. De notre côté, nous recherchions un investisseur capable de mobiliser plus de capitaux pour nous accompagner sur les prochaines étapes de notre développement.

Comment se répartit désormais le capital ?

Olivier Breittmayer : Cobepa détient désormais 60% du capital avec Edmond de Rotschild Investment Partners (EDRIP) qui était déjà parmi les actionnaires et qui renforce sa participation. Les 40% restants sont détenus par le management. Celui-ci renforce légèrement sa participation en faisant entrer 50 nouveaux managers clés dans son tour de table, ce qui porte à 75 le nombre de managers actionnaires.

En cinq ans, le groupe a connu une progression de plus de 500% de son chiffre d’affaires. Il a publié un chiffre d’affaires de 627 millions d’euros pour 2014, en progression de 91% sur un an, et vise 1 milliard d’euros à l’horizon 2017. Sur le premier trimestre 2015, il a encore réalisé une croissance de 56%, dont 40% d’organique. Quels sont les moteurs de cette hypercroissance dans un secteur de la distribution informatique plutôt décliniste ?

Olivier Breittmayer : D’abord, nous sommes focalisés sur la sécurité et la cybersécurité, deux marchés en forte croissance. Ensuite, nous sommes positionnés sur des marques de deuxième rang, certes, mais à l’origine de technologies de rupture, à forte croissance et que nous avons démarrées de zéro. C’est le cas par exemple de Fortinet et de Palo Alto, nos deux premiers partenaires, qui se sont hissé respectivement deuxième et troisième de leur marché et qui continuent d’enregistrer des croissances impressionnantes (25% par an pour la première et 50% par an pour la seconde). Enfin, nous essayons de développer notre présence partout dans la zone Europe élargie (Europe, moyen-Orient et Afrique) avec une implantation dans plus d’une vingtaine de pays. La France, berceau du groupe avec la Grande Bretagne, ne représente plus que 15% des ventes.

Parmi vos activités les plus dynamiques, on retrouve celle de votre filiale Big Technology, qui affiche une croissance supérieure à 100% au premier trimestre. Que fait cette filiale pour enregistrer une telle progression ?

Olivier Breittmayer : Il s’agit de notre activité distribution orientée transformation du datacenter lancée il y a dix-huit mois. Elle couvre essentiellement la distribution des marques Nutanix et Silver Peak. Elle devrait réaliser 80 M€ de chiffre d’affaires en 2015 sur six pays : la France, la Grande-Bretagne, le Benelux et, depuis le 1er janvier, l’Allemagne, l’Espagne et les pays nordiques.

Vous avez récemment annoncé le rachat de la société de leasing Fibail System France, acte fondateur de la création d’une nouvelle division de financement. Pourquoi cette diversification ?

Olivier Breittmayer : L’activité de Fibail est complémentaire de notre activité distribution. Nos fournisseurs américains veulent percevoir l’intégralité de la valeur de leurs projets lors de la signature tandis que les clients préfereraient pouvoir étaler leurs paiements sur 24 ou 36 mois. Nous pouvons nous positionner au milieu de la chaîne en proposant de financer ces projets et d’en lisser le coût sur la durée de vie des produits. Nous avons décidé de le faire en interne pour avoir quelque-chose de plus intégré et surtout pour plus de rentabilité. L’objectif est de déployer rapidement cette offre à l’international de façon à être en mesure de financer les grands projets pan-européens. Les grands fournisseurs, comme HP, Cisco ou Dell, sont capables de le faire mais pas nos partenaires. Nous allons donc mutualiser ce savoir-faire pour eux.

Vous avez également fait l’acquisition d’une société de services baptisée ITEC. Quelle est sa vocation ?

Olivier Breittmayer : Il s’agit d’une société d’une cinquantaine de personnes réalisant environ 10 M€ de facturations annuelles spécialisée dans la gestion de projets internationaux. Elle est capable d’intervenir dans plus de 90 pays via des partenaires locaux pour des déploiements et du support 24/7. Elle intervient pour le compte de fournisseurs, mais également de revendeurs et même d’autres grossistes. Cette société nous permet d’offrir un service additionnel à nos clients qui ont une forte demande pour ce type de prestations. Depuis le début de l’année, nous leur avons ainsi remonté plus de 60 projets internationaux. Nous nous attendons donc à ce que cette activité grossisent rapidement même si elle devrait rester marginale à l’échelle du groupe.