La possibilité offerte par l’Arcep à Bouygues Telecom d’utiliser son réseau 2G pour lancer la 4G dès l’automne est considérée par Orange et SFR comme un véritable coup de poignard dans le dos.

« L’ARCEP estime que la société Bouygues Telecom pourra, si elle le souhaite, réutiliser la bande 1800 MHz pour d’autres technologies que le GSM à compter du 1er octobre 2013, sous réserve que cette société restitue préalablement des fréquences selon des modalités spécifiques » , tel est le contenu d’un communiqué publié par le gendarmes des télécoms. Le document précise que les redevances attachées à ce droit seront précisées dans un décret.

En d’autres termes, l’opérateur pourra mettre en œuvre la 4G dans la bande réservée à la 2G qui lui appartient.
Une possibilité que SFR et Orange, qui dépensent des centaines de millions pour déployer les réseaux 4G, ont combattu vigoureusement. L’Arcep précise que les deux opérateurs ont eu aussi la possibilité de demander à tout moment que leurs autorisations dans la bande 1800 MHz soient étendues à la 4G. Il s’agit toutefois d’un avantage en trompe l’œil puisque les réseaux dont ils disposent sont quasiment saturés.

Quant à Free, qui ne dispose pas de fréquences 1800 MHz, il pourra s’il le souhaite se voir attribuer les fréquences disponibles dans cette bande « en application du rééquilibrage de l’accès au spectre ».

Voilà qui fait enrager les deux opérateurs mobiles vétérans. « Cette décision déstabilise le jeu de la concurrence en attribuant un avantage singulier à un acteur unique», s’est plaint Pierre Louette, le secrétaire général d’Orange, rapporte Le Figaro. « La décision du régulateur modifie substantiellement le cadre concurrentiel et économique dans lequel nous nous inscrivions lors de la formulation de notre offre financière pour obtenir les fréquences de 2,6 Ghz et 800 Mhz », fait savoir de son côté SFR. Certes, Bouygues devra vraisemblablement verser une soixantaine de millions d’euros pour cette utilisation et restituer des fréquences. En revanche, il n’aura pas de nouveau réseau à déployer. Il se contentera de paramétrer ses antennes actuelles, ce qui est plus rapide et moins coûteux. Et surtout il évite les longues négociations avec les municipalités et les propriétaires de terrains et de toits.

Le lobbying intensif de SFR et d’Orange n’a donc pas réussi à influencer l’Arcep. Celle-ci a sans doute estimé qu’une saine concurrence nécessitait un coup de pouce à Bouygues qui a affiché une perte nette de 14 millions d’euros en 2012, la première depuis 2001, et supprimé 556 postes.