L’éditeur australien Atlassian de logiciels de collaboration et de productivité veut se concentrer sur le cloud. Il a donc décidé d’abandonner ses produits serveur d’ici la mi-février 2024. L’annonce ne date pas d’hier puisqu’elle a été faite en octobre 2020.

Le problème actuel est, qu’en dépit de programmes d’accompagnement et d’incitations, des utilisateur·rice·s se plaignent encore d’impasses dans la migration vers le cloud à cinq mois de la date fatidique.

Scott Farquhar, co-fondateur et co-PDG d’Atlassian, se dit pourtant satisfait. « Même avec trois ans pour nous préparer à ces changements, nous comprenons que tous les clients ne seront pas prêts à passer de nos produits serveur à nos produits cloud. Et certains d’entre vous ont des exigences commerciales qui pourraient vous empêcher d’opérer dans le secteur cloud », reconnait-il.

Atlassian conserve ses licences de centre de données « pour s’assurer de continuer à proposer une option sur site » mais le prix forfaitaire à payer est fort – un montant annuel à cinq chiffres – pour un usage allant de 1 à 500 postes. De plus, les détenteur·rice·s de ces licences de centre de données ne bénéficieront pas des prochaines fonctionnalités vidéo embarquées incluses dans les licences SaaS.

Pour rappel, Atlassian se spécialise dans les logiciels de collaboration d’équipes, de productivité et des produits tels que Jira Software, Confluence, Jira Service Management, Trello, Bitbucket et Jira Align. La société australienne est en cours d’achat de l’entreprise californienne Loom de messagerie vidéo instantanée piloté par l’IA, pour un montant de près de 975 millions de dollars.

Bref, certains utilisateur·rice·s s’estiment prises au piège. « Je pense qu’il y a beaucoup de petits utilisateurs de moins de 500 postes qui ne savent pas quoi faire », commente Thomas Murphy, analyste chez Gartner. The Register cite notamment des client·e·s au Royaume-Uni, certifié·e·s ISO27001, qui ne peuvent pas se passer de support et ne peuvent pas héberger leurs données en dehors du Royaume-Uni. L’un d’eux dit avoir migré vers GitLab. Une autre entreprise, possédant 2.000 licences pour des produits serveur, a estimé que ses dépenses en licences tripleraient après la migration vers les licences cloud ou de centre de données.

Par ailleurs, des utilisateur·rice·s confient avoir démarré, puis interrompu leurs migrations à partir de produits serveur, « parce que le processus n’était pas simple ».

Les co-PDG d’Atlassian admettent auprès de leurs investisseurs : « Une partie de nos clients serveurs ne migreront pas au cours de l’exercice 2024 » ou quitteront Atlassian.