Les résultats définitifs de l’exercice ne sont pas encore connus mais on peut déjà qualifier 2015 de sale année pour IBM. « L’entreprise a toujours eu l’une des meilleures capacités d’adaptibilité de l’industrie IT et a toujours le coup d’avance lui permettant de rester au sommet. Mais là, on dirait que l’entreprise a perdu la main. Elle semble dépassée par l’évolution du marché ». Ce discours sans complaisance est celui d’un consultant externe qui connaît bien l’entreprise de l’intérieur pour animer régulièrement des séminaires de motivation à destination des populations commerciales.

De fait, après un exercice 2014 déjà calamiteux – baisse de 6% du chiffre d’affaires – l’entreprise a continué enchaîner les trimestres en décroissance en 2015 – quatorze consécucutifs – avec en moyenne un recul de ses revenus de 12% à chaque fois. L’ensemble des activités est impacté, y compris les services et les logiciels qui ont reculé de 10% au troisième trimestre. IBM remporte pourtant des succès dans les nouvelles activités porteuses de croissance : le Cloud, la sécurité, le big Data, la mobilité, le digital, l’informatique cognitive enregistrent toutes des progressions à plusieurs dizaines de pourcents…

À tel point que le groupe a annoncé en février dernier qu’il espérait retirer 40 milliards de revenus annuels de ces activités d’ici à 2018. Mais cela semble insuffisant pour stabiliser les revenus. IBM est engagé dans une course poursuite entre des activités en perte de vitesse et celles qui doivent relancer la croissance. Et pour l’instant, ce sont les activités en perte de vitesse qui font la course en tête. Si bien que le doute s’installe. Notamment parmi les actionnaires, dont certains ont demandé l’aide d’investisseurs activistes (edge funds) pour « secouer » la société. Mais aussi parmi les clients « qui se demandent si l’entreprise a vraiment la réponse entre ses main à leurs problématiques de modernisation de leur entrteprise », souligne notre consultant spécialisé en motivation des forces commerciales.

Il y a un an, The Register avait révélé qu’IBM était sur le point d’entamer la plus vaste réorganisation interne de son existence. La structure en silos actuelle (matériel, logiciels, services) qui avait été mise en place pour minimiser les frictions avec les autres fournisseurs de matériel et de logiciels devait être remplacée par de nouvelles unités principales incluant R&D, ventes et livraisons, systèmes, Global Technology Services, Cloud, Watson, sécurité, commerce, analytique… avec plusieurs dizaines de milliers de licenciements à la clé. Ce scénario ne s’est apparemment pas réalisé en 2015 – et les suppressions d’emplois sont restées semble-t-il limitées à environ 10.000 – mais il reste parfaitement plausible pour l’année qui s’ouvre.