Détenant respectivement 9% et 6% du capital de Xerox, les actionnaires activistes Carl Icahn et Darwin Deason s’opposent depuis le début à la fusion de l’entreprise avec Fujifilm, estimant que l’opération annoncée le 31 janvier sous-valorise le fabricant américain. Dans une lettre ouverte, ils exhortaient en février dernier leurs « collègues actionnaires » à ne pas laisser Fuji « voler » l’entreprise. Darwin Deason portait par ailleurs l’affaire devant la justice américaine estimant que cette opération était le résultat d’une convention de blocage signée entre Fujifilm et la firme de Norwalk lors de la création en 2001 de la joint-venture Fuji Xerox et « dissimulée frauduleusement » aux investisseurs. De son côté la direction de Xerox annonçait qu’elle répondait à ces accusations par « les canaux légaux appropriés ».

Après plusieurs mois de guérilla, Xerox vient de renoncer à la fusion. Dans un communiqué annonçant sa décision, le groupe indiquait dimanche dernier qu’il avait conclu un accord avec les deux actionnaires, mettant ainsi fin au bras de fer judiciaire. Il s’agit en réalité d’une capitulation en rase campagne. Le CEO de l’entreprise, Jeff Jacobson et six membres du conseil d’administration favorables à la fusion ont démissionné. Deux hommes proches de Carl Icahn prennent le contrôle de Xerox. John Visentin, qui conseillait l’investisseur dans cette affaire, est nommé CEO et président exécutif tandis que Keith Cozza, CEO et président du conglomérat Icahn Enterprises, se voit confier la présidence du conseil d’administration.

Chez Fujifilm on conteste bien entendu cet accord. « Nous ne croyons pas que Xerox ait le droit légal de résilier notre accord et nous examinons toutes les options disponibles, y compris une action en justice pour demander des dommages et intérêts », indique le groupe nippon dans un communiqué transmis à l’AFP.

S’appuyant sur des sources proches du dossier, Reuters rapportait au début de ce mois qu’Apollo Global Management avait approché Xerox en vue d’un éventuel rachat de la société. Précisons que John Visentin était jusqu’en juillet dernier conseiller du fonds d’investissement.