Si Windows Phone 8 reste pour l’instant un bide total, les projets d’applications mobiles sur tablettes et PC hybrides Windows se multiplient. Un engouement qui pourrait à terme profiter à l’OS mobile de Microsoft.


Six mois après le lancement de Windows Phone 8, l’OS mobile de Microsoft ne déchaîne toujours pas les convoitises. « Il n’y a pas beaucoup d’intérêt à court terme de la part des clients », constate Jean-Cédric Miniot, directeur général délégué d’Ariann Software (l’activité édition d’Ibelem filialisée depuis février). « On ne voit pas passer de projets de création ou de migration d’applications mobiles sous Windows Phone 8 », confirme pour sa part Jean-Philippe Gallet, directeur associé de myElefant, une agence digitale filiale de l’intégrateur ABC Systèmes.

« Nous sommes attente de voir si nos clients et prospects nous demandent de migrer notre application », note quant à lui Jean de Broissia, patron de l’éditeur spécialisé dans les solutions d’intervention mobiles Praxedo. « Windows Phone a incontestablement un gros problème de retard à l’allumage, poursuit Jean-Philippe Gallet. Quand on sait que moins de 1% du trafic Web mobile provient de terminaux équipés de l’OS mobile de Microsoft, contre 30% pour Android et 60% pour iOS ».

Mais si les clients ne s’intéressent pas aux smartphones sous Windows Phone 8, ils sont en revanche beaucoup plus séduits par les tablettes et PC hybrides sous Windows 8 et Windows RT. « Certains clients réfléchissent à remplacer les iPad rentrés par les métiers au cours des dernières années par des tablettes sous Windows », note Jean-Cédric Miniot, dont la solution de gestion de flotte mobile, PushManager, vient tout juste d’intégrer le support des terminaux Windows 8 et Windows RT.

Cet intérêt – récent – des entreprises pour les tablettes sous Windows s’explique essentiellement par des considérations de coûts d’administration. « Elles espèrent une meilleure intégration aux architectures d’entreprise existantes et une gestion simplifiée, notamment grâce à Intune, tout en réduisant le nombre d’OS à supporter », analyse Jean-Cédric Miniot.

Un début d’intérêt pour les plates-formes Microsoft confirmé par Jean-Philippe Gallet, qui note une recrudescence des projets de développement d’applications métiers sur tablettes mais qui constate lui aussi que les entreprises sont très réticentes à l’idée de s’équiper massivement en iPad. La faute à l’absence d’outils de gestion de flotte convaincants et à la rigidité des conditions commerciales d’Apple, explique-t-il en substance. Même défiance vis-à-vis de Google, assez peu structuré pour gérer les relations entreprises.

Reste donc Microsoft. Arrivé tardivement, celui-ci n’a pas encore tiré les marrons du feu mais Jean-Philippe Gallet dit avoir beaucoup de maquettes et d’expérimentations en cours qui devraient déboucher à termes sur des affaires. Mais seulement quand le marché aura gagné en « lisibilité ». 

Windows Phone 8 n’est donc pas le produit de rupture attendu mais Windows 8 Pro et Windows RT semblent en revanche avoir un vrai sens dans les entreprises qui veulent déployer des tablettes. Les ventes de tablettes Windows commenceraient d’ailleurs à frémir si l’on en croit les derniers chiffres Strategy Analytics, qui estime qu’elles ont représenté 7,5% de l’ensemble des tablettes au premier trimestre.

Du coup, Windows Phone pourrait bénéficier à terme de sa grande proximité avec ses grands frères (90% du code source est réutilisable). D’ailleurs Ariann Software ne s’y est pas trompé puisque que son produit supportera également les terminaux sous Windows Phone 8 à partir de la prochaine version à sortir fin avril. Signe que la société croit en ses chances de percer un jour. Praxedo se prépare toutefois à un monde multi-OS, là où les applications mobiles professionnelles étaient autrefois dominées par Windows Mobile.