Selon des rumeurs, Microsoft n’hésiterait pas à financer en partie le portage de certaines applications iPhone vers son nouvel OS mobile. En France, les partenaires historiques sont peu enclins à migrer.
Microsoft aurait-il du mal à attirer les développeurs sur sa nouvelle plate-forme mobile Windows Phone 7 à sortir cet automne ? C’est ce que suggère une source anonyme citée par le site américain Pocketgamer, selon laquelle Microsoft aurait proposé des avances de trésorerie à des développeurs d’applications iPhone populaires pour porter ces dernières sur sa plate-forme. Une incitation qui n’aurait toutefois pas suffit à convaincre les-dits développeurs de la viabilité financière de l’opération, précise la source.
À en croire certains observateurs, cette pratique n’aurait rien d’exceptionnelle dans ce secteur où la guerre des plates-formes fait rage. Mais, dans le cas de Microsoft qui, rappelons-le, est confronté au déclin rapide de son OS historique Windows Mobile, cette information, si elle se confirmait, pourrait avoir un effet dévastateur sur son successeur désigné.
Windows Phone 7 pourrait pâtir de quelques défauts de naissance
Car bien que présenté comme révolutionnaire et apte à rivaliser avec les stars du moment que sont iPhone et Android, Windows Phone 7 souffre de quelques tares congénitales susceptibles d’entraver son essor. Au premier rang de celles-ci figure son absence de rétro-compatibilité avec la base installée Windows Mobile. Une rupture qui empêche l’éditeur de capitaliser sur son écosystème existant. Et ce d’autant que, deuxième défaut de naissance, Windows Phone serait dépourvu de base de données embarquée, ce qui écarte l’idée même d’un portage pour la plupart des applications Windows Mobile.
« Plus de 90% des applications actuelles resteront sur Windows Mobile 6.x », pronostique le pdg d’un éditeur de solutions de gestion de livraison et de suivi d’intervention, qui relève qu’en plus de ne pas disposer d’une base de données embarquée, Windows Phone 7 n’est pas compatible .Net et n’est pas multi-tâches.
Windows Mobile 6.x et Windows Phone 7 pourraient coexister plusieurs années
Selon lui, les deux OS vont donc coexister, avec chacun leur écosystème. L’un sera orienté vers le monde professionnel et sera constitué d’éditeurs d’applications métiers quand l’autre sera essentiellement articulé autour d’éditeurs de contenus tournés vers le grand public. L’écosystème 6.x devrait encore perdurer au moins 4-5 ans mais les terminaux ne pourront plus s’acheter qu’hors pack opérateurs…
Une vision que ne partage pas le directeur technique d’un éditeur d’applications mobiles pour forces de vente : « la version 6.5 est obsolète de fait par la faute de Microsoft lui-même qui a brouillé le positionnement de son nouvel OS en le gratifiant du chiffre 7. En conséquence, nous pensons que les demandes des entreprises se porteront majoritairement sur la nouvelle plate-forme lorsqu’elle sera disponible. Les clients veulent de la nouveauté, y compris dans les entreprises. Je ne vois pas comment Microsoft pourrait maintenir longtemps la version 6.5. Nous avons donc choisi d’adapter nos applications actuelles à Windows Phone 7 ».
Un portage pas si insurmontable pour les applications .Net sur C#
Une opération qui ne serait pas si ardue que cela, selon lui. « Nos applications sont développées en .Net sur C#. Nous avons choisi de migrer vers Silverlight qui présente l’avantage d’être assez proche de notre code actuel. Nous allons devoir redévelopper tout ce qui relève de l’interface homme-machine et de l’événementiel, mais en termes d’algorithmes et de d’objets d’interface c’est semblable ». Moyennant quoi, il estime que le travail d’adaptation portera sur environ 20% des applications. « Un investissement, certes, mais pas insurmontable ».
« Tout dépendra des applications concernées et de leur complexité », estime pour sa part le fondateur d’un éditeur de solutions de gestion d’intervention, qui compte parmi les cinq partenaires business solution européen de l’éditeur. Celui-ci admet toutefois avoir peu d’informations sur la nouvelle plate-forme et convient que Microsoft n’a pris aucune initiative pour l’inciter à adapter ses applications.
« Notre démarche est pragmatique : pour l’instant nous sommes sur 6.5, qui est une excellente plate-forme professionnelle, costaude, qui s’intègre bien avec l’environnement des clients et qui possède un bon catalogue de périphériques. Pas question de jeter le bébé avec l’eau du bain. Nous allons attendre de voir comment tourne la version 7 et s’il y a de la demande. De toute façon, migrer surpposera un redéveloppement complet ».