Alcatel-Lucent a présenté un nouveau plan pour sortir de l’ornière. Au programme : recentrage sur les réseaux IP et le très haut débit, mesures d’économie, cession d’actifs et une nouvelle direction.

Arrivé à la tête de la société au mois d’avril, Michel Combes avait aussitôt annoncé la couleur. Il allait revoir l’ensemble du portefeuille de produits du groupe. A présent, c’est chose faite. L’ancien patron de Vodafone Europe vient en effet de présenter Shift, un plan – autofinancé – sur trois ans visant à repositionner l’équipementier généraliste en un spécialiste industriel des réseaux IP et de l’accès Très Haut-Débit mobile et fixe, deux activités essentielles aux réseaux de nouvelle génération et qui devraient représenter 85% des investissements de recherche et développement en 2015.

En s’appuyant sur les changements en cours dans le secteur des télécommunications (cloud, 4G, FTTx, Small cells…), il souhaite mettre en place une gestion clairement différenciée entre l’activité Cœur de réseaux – routage et transport IP, Plateformes IP et services associés – dans une optique de croissance, et les activités Accès (mobile et fixe) et « Autres », ces dernières étant recentrées sur l’Accès Très Haut Débit et la génération de trésorerie.

Le groupe table ainsi sur une croissance de plus de 15% pour le segment d’activité Cœur de Réseau avec plus de 7 milliards d’euros de revenus en 2015 (6,1 milliards d’euros en 2012) et une marge opérationnelle de plus de 12,5% en 2015 (2,4% en 2012).

De leur côté, les segments Accès et Autres, déficitaires de 115 millions d’euros en 2012, devraient renouer avec les bénéfices (en réduisant les dépenses de R&D sur les technologies traditionnelles pour accroître celles correspondant notamment à l’accès 4G LTE, au vectoring et aux réseaux de fibre) et générer un flux de trésorerie d’exploitation positif de plus de 250 millions d’euros en 2015.

La redéfinition du portefeuille de produits, des services et des plateformes logicielles devrait permettre de viser une clientèle plus large, au-delà des grands opérateurs qui constituent la base actuelle du groupe.

Réduire les coûts fixes

Le plan prévoit également une réduction des coûts fixes de l’ordre d’un milliard d’euros, notamment via la mise en place de canaux de distribution, une consolidation supplémentaire des fonctions administratives et commerciales et un recentrage des dépenses de R&D, ainsi que des cessions d’actifs pour plus d’un milliard d’euros sur la période 2013-2015 (sans plus de précisions ? mais nous nous étions fait l’echo ici du fait que la division entreprises faisait probablement partie des actifs à céder). Alcatel-Lucent envisage encore d’autres mesures pour réduire le poids de l’immobilier et améliorer l’efficacité, notamment des systèmes informatiques, de la chaîne logistique et de la production.

Le groupe espère par ailleurs mieux monétiser son portefeuille contenant 30.000 brevets et 16.000 applications.

Le plan prévoit également la restructuration de la dette à hauteur de 2 milliards d’euros sur la période 2013-2015 en profitant des opportunités offertes par les marchés de capitaux.

La mise en œuvre de ce plan s’accompagne de la mise en place d’une nouvelle équipe de direction.

Les lignes de produits sont confiés à 4 directeurs : Basil Alwan (Routage & transport IP), Andrew Mcdonald (Plateformes IP), David Geary (Accès mobile) et Federico Guillen (Réseaux fixes).

Un nouveau venu, Philippe Guillemot – qui a occupé des postes de direction chez Michelin, Valeo et Areva T&D – prend la direction des opérations. Philippe Keryer et Robert Vrij sont quant à eux respectivement en charge de la stratégie & innovation et des ventes.

Nicole Gionet (ressources humaines), Tim Keller (juridique) et le directeur financier, Paul Tufano, complètent l’organigramme. Ce dernier quittera cependant ses fonctions une fois le plan Shift engagé « pour raisons personnelles ».