L’agence financière recommande de vendre le titre Google estimant son projet d’acquisition de la division mobile de Motorola risqué et susceptible d’avoir un impact négatif sur sa croissance et ses profits.


Tout le monde n’est pas convaincu par la pertinence du projet de rachat de Motorola par Google. Loin de là. Dernière prise de position en date : les analystes de l’agence Standard & Poor’s qui viennent de dégrader leur recommandation vis à vis du titre du géant de Mountain View en passant « d’acheter » à « vendre ».

Une dégradation que justifie ainsi l’analyste Scott Kessler : « après examen plus approfondi du projet d’acquisition, nous estimons qu’il est de nature à accroître le risque pesant sur l’entreprise et son titre. Nous pensons que la transaction ne pourra pas se faire au tout début de 2012 comme Google l’a prévu et nous ne sommes pas sûrs que le portefeuille de brevets de Motorola suffira à protéger Android contre les procédures sur la propriété intellectuelle dont il fait l’objet. Nous pensons également que cette opération aura un impact négatif sur la croissance, les marges et le bilan de Google ».

On ne peut être plus clair. Dans la foulée S&P a abaissé son objectif de cours de 700 à 500 dollars (le titre cotait 533 dollars à la clôture hier). Les Echos remarquent que s’est le premier analyste sur les 42 répertoriés par Bloomberg suivant la valeur qui émet une opinion négative. Tous les autres soit recommandent l’achat, soit sont neutres.

La question que tout le monde continue de se poser est de savoir si Google a racheté Motorola pour ses brevets en vue de se constituer une force de dissuasion sur la propriété intellectuelle ou est-ce pour ses mobiles en vue d’adopter une stratégie intégrée à la « Apple ». Dans le premier cas, d’aucuns estiment que c’est trop cher payé pour un résultat loin d’être garanti.

C’est en tout cas la conviction de Florian Mueller, l’animateur du blog FossPatents, qui souligne que si le rachat de ces brevets n’est pas une mauvaise idée en soit pour prévenir de futures agressions sur le plan de la propriété intellectuelle, les brevets hérités de Motorola ne lui seront probablement d’aucun secours dans ses procédures en cours contre Oracle et Apple.

En tout état de cause ces brevets sont été surévalués, estime Andrew Orlowski, de TheRegister, qui compare le prix annoncé pour la transaction Motorola (12,5 milliards de dollars) aux 2 milliards qu’InterDigital demande pour un portefeuille comparable comprenant 18.000 brevets mobiles et que Google convoitait également. Il s’effraie au passage de la pénalité de 2,5 Md$ que Google s’est engagé à payer à Motorola s’il renonçait à son projet d’acquisition.

Reste donc l’autre explication : Google a réellement l’intention de reprendre à son compte la stratégie intégrée d’Apple pour consolider son business Android. Mais c’est là que le groupe prend le plus de risques. Et notamment celui de voir ses partenaires historiques, et notamment les principaux d’entre eux, Samsung et HTC, changer leur fusil d’épaule et faire allégeance à Microsoft, qui continue de jouer la carte de la neutralité vis-à-vis de ses partenaires.