DCI a annoncé la semaine dernière être entré en négociations exclusives pour acquérir Rétis, une société issue comme DCI du métier de l’intégration d’infrastructures réseaux mais dont la zone d’influence se situe plutôt dans le grand Ouest (contre la région parisienne pour DCI) et dont les revenus sont deux fois moindres. Les explications de Fabrice Tusseau, président de DCI.

Channelnews : pouvez-vous nous rappeler qui sont DCI et Rétis et quels sont leur chiffre d’affaires et effectif respectifs ?

Fabrice Tusseau : DCI a été créé en 1992 et Rétis en 1993. Les deux sociétés sont des prestataires de services IT avec sensiblement les trois mêmes grands pôles d’expertise : la cybersécurité, les infrastructures digitales et l’espace de travail digital (qui regroupe les solutions de travail collaboratif et de communication unifiée). DCI a bouclé son exercice fiscal 2018 le 31 mai sur un chiffre d’affaires de 59,5 M€ en croissance de 4% par rapport aux 57 M€ de l’exercice précédent. Rétis a clôturé au 30 juin sur un chiffre d’affaires de 33 M€, à comparer aux 29 M€ de l’exercice précédent. DCI emploie 180 personnes contre 170 pour Rétis. Ensemble, les deux sociétés devraient compter plus de 350 collaborateurs et se rapprocher des 100 M€ de revenus.

Channelnews : Pourquoi ce rapprochement, pourquoi Rétis ?

Fabrice Tusseau : C’est un projet entrepreneurial et humain. Du côté de DCI, après une décennie de croissance organique très soutenue, il était devenu évident dès 2016 que l’objectif d’atteindre les 100 M€ de chiffre d’affaires passerait par de la croissance externe. On s’était entendu sur ce point avec Naxicap, le fonds d’investissement qui est devenu notre actionnaire de référence en avril 2016. Mais pour maximiser les chances de créer de la valeur, il fallait trouver une entreprise à la fois en bonne santé et compatible en termes d’activité. De son côté, Joël Chéritel, PDG-fondateur de Rétis, réfléchissait à la meilleure manière de faire évoluer son entreprise en préservant ses équipes et ses clients. Avec Joël, on partage les mêmes valeurs de satisfaction clients et de mise en valeur du capital humain. On a pris deux ans pour s’assurer que nos deux sociétés et nous-mêmes étions bien compatibles et complémentaires.

Channelnews : Quelles complémentarités avez-vous identifiées sachant que vos deux sociétés sont plus ou moins positionnées sur les mêmes domaines d’expertise ?

Fabrice Tusseau : DCI est polarisée à 80% sur Paris et la région parisienne avec seulement 20% de son activité réalisée en régions. Pour Rétis, c’est le contraire. La société est incontournable dans le grand Ouest mais reste encore faiblement représentée à Paris malgré la présence d’une équipe grands comptes. Si nos expertises sont proches, les solutions que nous intégrons sont souvent différentes. Notre partenaire de prédilection est Fortinet sur lequel nous bénéficions du plus haut niveau de certification (partner of Excellence). Du côté de Rétis, son partenaire de référence est Cisco, sur lequel l’entreprise est certifiée Gold. Nous travaillons également avec Cisco mais nous ne sommes accrédités qu’au niveau Premier. Nous sommes également très impliqués avec Avaya, dont nous sommes Platinum, HPE (Silver), F5 (Silver), McAfee (Elite+) et Extreme Networks (Black Diamond). Eux travaillent également avec Fortinet et Extreme mais à des niveaux moindres, et HPE (Silver). Ils sont également certifiés 4-star Check Point. Le rapprochement débouchera donc sur un portefeuille d’offres plus riche et dans certains cas devrait permettre de monter dans l’échelle de certification. Ce sera par exemple le cas pour HPE, sur lequel nous allons accéder au niveau Gold.

Au chapitre des différences, on peut signaler également que Rétis est plutôt en avance sur la partie espace de travail digital, notamment avec ses services de conciergerie autour de ses solutions de visioconférence, et que DCI est plus avancé sur la partie cybersécurité avec notamment la mise en place début 2018 de son SOC. Enfin Rétis opère une activité de câblage que n’existe pratiquement pas chez DCI. Cette activité est fondamentale pour pouvoir proposer des projets « clé en main » d’urbanisation de datacenter ou de déploiement de couverture Wifi.

Channelnews : Sur quelles modalités de rapprochement vous êtes-vous entendus ?

Fabrice Tusseau : Il est prévu que Joël Chéritel nous accompagne deux ans. La négociation exclusive devrait se poursuivre un bon mois. À l’issue de quoi, on se donnera trois mois supplémentaires pour orchestrer la fusion interne. On réunira les deux comités de direction pour définir la nouvelle organisation et constituer les équipes. Cela débouchera vraisemblablement sur la création d’un nouveau nom.

Channelnews : Avez-vous identifié des doublons dans les organisations actuelles ?

Fabrice Tusseau : Non. Ainsi que nous l’avons répété aux instances représentatives, on veut qu’il n’y ait aucune casse sociale. Il n’y a d’ailleurs aucune raison qu’il y en ait. Certes, il y aura des double-emplois sur certaines fonctions mais il y aura aussi plus de mouvements à traiter, ce qui nécessitera in fine plus de bras. Les organisations actuelles n’étant pas pléthoriques, cela devrait plutôt se traduire par de nouvelles embauches. Du reste, les plans de recrutement des deux sociétés, soit une vingtaine de personnes pour chacune d’elles cette année, ne sont aucunement remis en question.

Channelnews : Hormis dépasser les 100 M€ de chiffre d’affaires à l’horizon 2020, quels sont les objectifs de ce rapprochement ?

Fabrice Tusseau : L’un des objectifs stratégiques est d’augmenter la part des services au détriment de la distribution. Aujourd’hui, le poids de la distribution dans nos deux organisations reste important : autour de 65% pour DCI et 60% pour Rétis. L’ambition est d’atteindre rapidement 50% de services. Pour cela, nous allons miser sur les services tels que la supervision 24/7, la conciergerie, l’infogérance à distance, les services de SOC et les communications unifiées. Sur ce dernier point, nous avons constaté avec un certain amusement que nous avions lancé quasiment en même temps dans les deux sociétés une offre de communication unifiée sous forme de service basée sur la même technologie, en l’occurrence Broadsoft. Ces deux offres sont évidemment appelées à n’en faire qu’une seule à court terme.