Proginov a récemment publié ses comptes pour l’exercice 2022. Nous avons demandé à Philippe Plantive, son président, de nous les commenter.

Channelnews : Proginov a récemment annoncé avoir réalisé un chiffre d’affaires de 58,5 M€ sur l’exercice 2022. Néanmoins sa croissance s’est tassée à 9% contre 15% sur l’exercice précédent. Comment interpréter ce tassement, sachant que dans le même temps le marché français des éditeurs a vu sa croissance accélérer de 9,5% à 11,3% (source Numeum) ?

Philippe Plantive : Je ne vois pas l’intérêt de communiquer sur notre croissance. Je ne souhaite pas endosser ce discours stéréotypé sur la croissance (forcément à deux chiffres) qui prévaut partout. On ne fait pas ce métier pour faire de la croissance mais pour être au rendez-vous des engagements pris avec les clients. Si cette condition est remplie, l’image de marque et la croissance de l’entreprise suivent naturellement. C’est aussi pour ça que nous ne faisons pas de croissance externe. Nous n’avons pas besoin de body builder l’entreprise. La réalité c’est qu’on n’arrive pas à répondre à toutes les sollicitations des clients.

Channelnews : Qu’est-ce qui vous en empêche ? Êtes-vous confrontés comme la plupart de vos confrères à la pénurie de candidats ?

Philippe Plantive : Non, nous n’avons pas de problème de recrutement. Nous recevons 400 CV spontanés par an pour une trentaine d’embauches. Et nous n’avons que très peu de turnover (2 à 3%). Encore une fois, la croissance n’est pas notre objectif prioritaire. C’est le résultat d’un arbitrage. On trie les dossiers en privilégiant ceux sur lesquels on est le plus pertinent. On s’assure que les clients ont les bonnes personnes en interne pour la mise en place de leur ERP, qu’ils sont en phase avec nos délais…

Channelnews : Dans ce cas, à quoi tient le succès de Proginov ?

Philippe Plantive : Probablement au fait que 85% de nos 307 salariés sont actionnaires de l’entreprise et qu’ils détiennent ensemble plus de 50% du capital. Ils travaillent donc pour eux. Ils n’y mettent pas la même âme que s’ils n’étaient pas actionnaires. Cela nous confère une singularité sur le marché. D’autant que des structures comme Proginov, à capitaux 100% français, qui produisent des ERP, il n’y en a quasiment plus en France. Dès qu’une entreprise IT commence à émerger, elle est cannibalisée par les fonds d’investissement anglosaxons qui s’empressent d’arrêter la R&D et d’augmenter les tarifs. Or les clients ont besoin de partenaires de long terme. Ils en ont assez des éditeurs anglosaxons qui les mettent dans les mains d’intégrateurs pour qui seule compte la croissance du nombre de clients et d’utilisateurs. Les clients viennent chercher chez Proginov la qualité de service, des centres de données respectueux du RGPD et des règles de sécurité de l’ANSSI, la capacité à fabriquer le code et à l’entretenir sans dilution des responsabilités. C’est unique sur le marché.

Channelnews : Quels sont les enjeux des prochains mois pour Proginov ?

Philippe Plantive : Ce qui nous préoccupe actuellement, c’est la facturation électronique. Il n’y avait pas eu de réglementation aussi importante imposée aux entreprises depuis l’euro et le passage à l’an 2000. On y travaille depuis trois ans. Nous sommes prêts mais les décrets d’application tardent à paraître. Donc, rien n’a encore été intégré.

Autre grand sujet : nos clients n’échappent pas à la grande démission et on, voit de plus en plus de DSI remplacés par des DSI à temps partagés qui interviennent en pointillés et ne font pas forcément les meilleurs choix technologiques. Du coup, nos clients nous sollicitent de plus en plus pour les accompagner dans la mise en œuvre de leur système d’information.

Channelnews : Y a-t-il des secteurs plus porteurs que d’autres actuellement pour Proginov ?

Philippe Plantive : Les différents marchés de la santé continuent d’apporter beaucoup de tonicité à l’activité. Ce sont des marchés sur lesquels on a beaucoup investit. Nous sommes ainsi certifiés HDS depuis quatre ans Sesam-Vitale depuis deux ans. En revanche, on sent une contraction dans l’agro-alimentaire – due au renchérissement des coûts énergétiques – et dans la distribution.