Depuis deux ans, Netapp enchaîne les mauvais trimestres. Des contre-performances qui s’expliquent notamment par la guerre des prix et le retard pris sur les baies flash.  

Pour son troisième trimestre fiscal (clos fin janvier), Netapp a encore fait état d’un recul (-3,7%) de son chiffre d’affaires (1,55 Md$). C’est la cinquième baisse trimestrielle d’affilée. L’exercice clos fin avril 2014 ayant été marqué par une stagnation de ses revenus, c’est à une véritable panne de croissance à laquelle est confronté le constructeur de systèmes de stockage depuis près de deux ans. Et ce, alors que son principal rival EMC a continué de progresser sur la même période. De même que son poursuivant immédiat, HDS, qui a enregistré un +11% sur le quatrième trimestre 2014.

Pour beaucoup, Netapp est victime de la guerre des prix qui sévit sur ses marchés de prédilection. Sur le NAS et le SAN d’entrée et milieu de gamme, le groupe doit faire face à « l’agressivité de nouveaux entrants comme Nimble Storage ou Tintri dont l’essentiel des ventes se fait en remplacement de systèmes NetApp ou EMC », analyse ainsi notre confrère LeMagIT. Et sur le marché des grands systèmes NAS en cluster, il est confronté à « l’émergence des systèmes de stockage objet distribués de startups comme Amplidata, Cloudian  ou Scality, […] qui offrent des capacités de scale-out bien supérieures, des prix inférieurs et des services de stockage de plus en plus riches ».

Netapp s’est laissé distancer sur les baies 100% flash

Le confrère souligne également que sur le marché des baies 100% flash, marché en pleine expansion qui pourrait franchir la barre des 2 milliards de dollars en 2015, Netapp doit encore « convaincre de sa pertinence » à l’heure où ses concurrents – EMC, PureStorage, SolidFire, Kaminario – « engrangent les bénéfices de leur lancement plus précoce ». Un retard dans les baies flash que confirment sans équivoque les partenaires. L’un des fidèles de la marque admet ainsi avoir fait une grosse année avec les baies flash… d’IBM.

Autre menace identifiées par les observateurs comme par les partenaires : les systèmes hyperconvergés popularisés par des entreprises telles que Nutanix ou Simplivity et sur lesquels Netapp manque encore de lisibilité. « Il y a bien une initiative qui va être lancée autour de la pile logicielle EVO : Rail de VMware, note un partenaire, mais annoncée pour le courant du premier semestre alors que la concurrence (Vspex Blue, HP CS200, Dell Nutanix …) est déjà présente sur ce créneau ».

Dernier point, soulevé par les partenaires : Netapp souffrirait d’un problème d’image sur le support lié à la qualité médiocre de ses sous-traitants.

Netapp pourrait renouer avec la croissance au premier trimestre

Pour autant, le tableau n’est pas si noir qu’il n’y paraît. D’abord, c’est surtout l’OEM (-21%) qui tire le revenu vers le bas (en raison notamment du désengagement d’IBM). Les ventes de produits à la marque ne reculant que de 2% sur le dernier trimestre. Le dollar a aussi eu un impact non négligeable (environ 1 à 1,5 points de la baisse). Enfin ce sont surtout ses ventes de matériels qui baissent (-8%), les ventes de logiciels (y compris la maintenance associée) et surtout de services progressant de l’ordre de 5%.

Netapp pourrait même renouer avec une légère croissance s’il atteint la fourchette haute de ses prévisions sur son quatrième trimestre fiscal (1,65 Md$). Une reprise qui pourrait être favorisée par le succès de la version 8.3 de sa plateforme de stockage unifiée Data Ontap, qui intègre désormais le Scale Out, et qui a enregistré le meilleur décollage de toute son histoire.

Les systèmes convergés restent un petit marché

Quant à son retard dans les systèmes hyperconvergés, il serait à relativiser. « Des projets Nutanix ou Simplivity, il y en a à tout casser une quarantaine en France quand je fais une dizaine de projets Netapp à moi tout seul, argumente un partenaire. Il y a un décalage entre le buzz qui existe autour de ces offres et la réalité du marché. Les clients n’ont pas envie d’être les beta-testeurs d’une offre positionnée 40% plus cher que des solutions existantes rendant des services équivalents. Ils attendent d’avoir un recul suffisant sur le ROI qu’elles amènent, sur la gestion du changement, etc. Il est d’ailleurs probable que Netapp (et EMC) aient sciement décidé de laisser les Nutanix et autres Simplivity courir devant pour apprendre de leurs erreurs. Leur capitalisation leur permet de les racheter quand ils le veulent ».

« Certes, Netapp est dans un moment de réorganisation et de repositionnement de son offre, poursuit notre partenaire. La marque donne l’impression de se chercher. Mais elle reste pertinente. Elle conserve notamment certains avantages concurrentiels comme sa faculté à proposer le stockage et la sauvegarde dans le même environnement ou comme la simplicité de son offre haute disponibilité. Du reste, EMC et IBM ont les mêmes problèmes mais cela se voit moins car ils ont d’autres leviers de croissance que le stockage »

Netapp sait partager la marge avec ses partenaires

Last but not least, le même partenaire souligne la grande qualité de l’organisation channel de la marque. « Netapp sait redistribuer la marge à ses partenaires et investir avec eux ». Ce qui, en ces temps chahutés pour la distribution IT, reste un atout particulièrement appréciable.