Microsoft vient d’adopter une nouvelle organisation pour ses équipes services. Objectif officiel : se rapprocher des clients et être en mesure de mobiliser plus de ressources simultanément. À l’organisation par pays et par solutions qui prévalait jusqu’à présent succède une organisation par plaques géographiques (Amériques, Europe/Moyen-Orient/Afrique, Asie) et par domaines (lignes de produits/technologies : Dynamics, data Insights, Modern Apps, Secure Infrastructure et Business Productivity, CDCO). Traduction : si les collaborateurs en relation directe avec les clients (commerciaux, Technical account managers…) continuent d’évoluer dans une matrice purement nationale, les autres populations (consultants, techniciens support…) sont intégrées dans des équipes internationales et voient leur champ d’intervention potentiel s’élargir à d’autres pays que la France.

Conséquence, Jérémie Caullet, le patron de la division services, qui incarnait cette approche par solutions, a quitté l’entreprise en mai. C’est Bernard Ourghalian directeur technique de la filiale française, qui le remplace à titre intérimaire en plus de ses fonctions. Au-delà des inévitables bouleversements (évolutions des postes, créations de postes…) que son déploiement entraîne, cette nouvelle organisation souffre d’un défaut majeur pointé par la CGT Microsoft.

Dans une note de blog parue fin juin à l’issue de la procédure de consultation des instances représentatives, celle-ci alertait sur le fait que le projet de transformation « généralis[ait] la notion de RGE (Regional Guest Employee) et donc la possibilité [pour les quelque 400 collaborateurs français de la division services] d’être managés par un manager hors de France ». Or ce n’est pas autorisé par le code du travail français. « Le lien hiérarchique et de subordination doit se faire au sein de l’entreprise Microsoft France », rappelait la CGT, précisant que cela concernait notamment « les objectifs, le temps de travail, l’évaluation, la rémunération, les congés, etc. » Autre écueil relevé par l’organisation syndicale : le non respect de la loi Toubon qui impose que « tout écrit ou discussion pouvant avoir un rapport avec le contrat de travail et le lien de subordination avec l’employeur doit se faire en Français ».

Interpelée sur ces différents points, la direction française s’est engagée mettre en place un groupe de travail visant à étudier la possibilité de donner plus de prérogatives aux managers dits host (locaux) au détriment des managers dits remote (décisionnaires). Dans la nouvelle organisation, ces derniers sont en effet théoriquement les seuls habilités à conduire les évaluations ou même les entretiens de licenciement. En contradiction avec le code du travail donc lorsque ces remote managers ne sont pas Français.

La véritable motivation de cette organisation est économique et « vise à optimiser les ressources au plan mondial », regrettait au passage la CGT dans sa note de blog. « Cela permettra en effet de favoriser les ressources où elles sont le moins cher au détriment des autres ». D’autant qu’avec la généralisation du Cloud, le service s’effectue de plus en plus à distance et nécessite donc de moins en moins d’interventions de ressources sur site. En conséquence de quoi la CGT s’alarmait des « risques » pesant désormais sur l’emploi des collaborateurs services en France. Des risques non avérés jusqu’à présent, aucune baisse d’effectifs n’ayant été constatée. Mais chacun sait désormais à quoi s’attendre.