Les études se succèdent qui mettent en évidence les effets désastreux des révélations d’Edward Snowden sur l’industrie du Cloud. C’est Daniel Castro, analyste principal de la fondation ITIF (Information Technology & innovation Foundation) qui a le premier mis le doigt sur le problème en estimant dans une étude publiée la semaine dernière de 22 à 35 milliards de dollars le manque à gagner pour l’industrie du Cloud américaine au cours des trois prochaines années induit par les révélations sur le programme de surveillance électronique de la NSA.
Daniel Castro fonde notamment son étude sur un sondage en ligne effectué par la Cloud Security Alliance entre le 25 juin et le 9 juillet auprès de ses membres pour comprendre leur perception de l’affaire et notamment la manière dont ils appréhendent le Cloud public. Il apparaît que 10% des répondants se déclarant comme non résidents aux USA (207 professionnels sur 456 répondants) reconnaissent avoir annulé un projet impliquant un fournisseur de services Cloud basé aux USA suite aux révélations de Snowden. Et 56% de ces mêmes répondants admettent être désormais moins susceptibles de faire appel à un fournisseur Cloud américain. Quant aux résidents US, ils sont 36% à estimer que cette affaire rendra plus difficile à terme la conduite de leurs affaires à l’international.
Là-dessus, Forrester s’est exprimé cette semaine pour expliquer que les prévisions de Daniel Castro étaient largement sous-estimées. Selon l’institut d’études, le coût total des révélations de Snowden pour l’industrie américaine du Cloud pourrait atteindre 45 milliards de dollars, les Cloud providers nationaux n’ayant pas seulement à perdre à l’export mais également sur leur marché domestique.
Plus inquiétant, Forrester estime que les dégâts colatéraux de l’affaire PRISM n’affecteront pas seulement les acteurs américains mais l’ensemble de l’industrie Cloud mondiale. Considérant que le gouvernement américain est loin d’être le seul à avoir mis en place un programme de surveillance électronique et qu’au final c’est la confiance vis à vis de la logique même d’externalisation qui s’en trouve ébranlée, Forrester avance un manque à gagner de 180 milliards de dollars d’ici à trois ans pour le marché mondial des services informatiques.