Le rachat de McAfee par Intel gêne à la fois les concurrents de l’éditeur et ceux du fabricant de composants. Il laisse également présager un renforcement de ce dernier dans le marché des terminaux mobiles.

Verra-t-on bientôt un rapprochement entre AMD et Symantec ? Inimaginable il y a encore quelques mois un tel scénario devient désormais plausible même si rien ne laisse aujourd’hui présager un tel rapprochement.

Le coup de tonnerre qu’a représenté dans le ciel IT le rachat de McAfee par Intel a donné lieu à une onde de choc qui devrait laisser des traces dans le paysage. Car si le géant des microprocesseurs a dépensé près de 7,7 milliards de dollars pour s’offrir le poids lourd de l’antivirus, ce n’est certainement pas pour réaliser un placement financier. Intel envisage d’accélérer le développement de processeurs possédant leur propre système antiviral, une technologie déjà présente dans certains composants d’accélération graphique. D’ailleurs McAfee fait figure de pionnier sur le marché des composants « secure embedded » puisque l’éditeur collabore depuis plus de 2 ans avec Seagate pour fournir des disques durs encryptés contre le vol aux fabricants de PC.

Cette stratégie cause évidemment quelques tracas non seulement aux éditeurs d’antivirus qui ne peuvent que craindre la force de frappe que représente pour eux le nouveau couple mais également aux autres fabricants de composants qui seront obligés de suivre la même voie. D’autant qu’à l’heure ou le monde du PC et celui de la téléphonie opère plus étroitement sa fusion, Intel se positionne désormais en concurrent redoutable pour les processeurs ARM, très présents dans les smartphones. On notera à ce sujet qu’une offensive sur le marché des télécoms d’Intel ne pourra que bénéficier du récent rachat par Symantec de tenCube, l’éditeur de la solution de sécurité pour terminaux mobiles WaveSecure, rachat qui a sans doute reçu l’aval du fondeurs alors en négociation avec McAfee.

Par ailleurs, ce n’est sans doute pas une coïncidence si l’acquisition de McAfee intervient au moment où les analystes annoncent un basculement du marché des UMD (Ultra Mobile Devices) que sont les netbooks et autres tablettes en faveur des processeurs ARM. Dans une étude, Abi Research affirmait ainsi il y a quelques mois qu’en 2013, ces processeurs domineraient un marché contrôlé aujourd’hui à 90% par les X86. Le coup de Trafalgar d’Intel remet ce dernier scénario en cause. Et ne peut que contrarier des fondeurs comme Qualcomm et Freescale.

Bref la dernière des fusions risque d’être très gênante pour beaucoup de monde.