Mark Hurd a été contraint de démissionner de son poste de PDG de HP vendredi 6 août dernier pour avoir flirté avec une consultante prestataire de la société et avoir tenté de le dissimuler via des notes de frais et des factures inexactes.

 

« Mark Hurd n’a pas été sanctionné pour ses résultats mais pour son comportement personnel et professionnel ». C’est ce qu’a expliqué en substance le conseil d’administration de HP vendredi 6 août au cours d’une conférence téléphonique pour justifier à la presse et aux analystes les raisons de la démission surprise du PDG de l’entreprise.

Le conseil d’administration de HP reproche en effet à son PDG d’avoir omis de l’informer qu’il avait eu une « relation personnelle étroite » avec une consultante marketing sous-traitante du groupe, une certaine Jodie Fisher, ex-actrice reconvertie dans le business, et d’avoir détourné des actifs de l’entreprise. Concrètement, il lui est reproché d’avoir flirté (mais sans avoir eu de relation sexuelle) avec cette femme, une attitude de nature à « constituer un conflit d’intérêts », et d’avoir émis de fausses notes de frais et de fausses factures servant à masquer sa relation avec cette personne.

En cela, le PDG de HP a enfreint les règles du sacro-saint « Standards of Business Conduct », sorte de code d’éthique du commerce à la mode HP. En revanche, les accusations de harcèlement sexuel qui sont à l’origine de l’affaire, seraient infondées, toujours selon le conseil d’administration. Une accusation que la victime a accepté de retirer suite à un arrangement financier, a révélé Associated Press.

Les actionnaires et les investisseurs sont mortifiés de cette décision car ils considèrent qu’ils doivent à Mark Hurd d’avoir vu la valeur du titre doubler en cinq ans. Celle-ci est ainsi passée d’environ 21 dollars en avril 2005, date de son accession à la direction générale de HP à près de 46 dollars le 6 août dernier à l’ouverture.  Durant cette période, le chiffre d’affaire a augmenté de 32,5% (de 86,7 Md$ en octobre 2005 à 114,5 Md$ octobre 2009). Mais la moitié de cette croissance a été apportée par le rachat d’EDS en 2008 (16,6 Md$ pour l’exercice 2007). Le titre HP était en chute de 8% lundi à l’ouverture autour de 42 dollars.

Du côté des salariés, en revanche, c’est plutôt le ouf du soulagement qui domine, tant a été mal supportée la politique d’économies drastique que le PDG a menée depuis cinq ans et les 40.000 suppressions d’emploi qui s’en sont suivies. Mais beaucoup se demandent si cette affaire n’a pas simplement servi de prétexte au conseil d’administration de l’entreprise pour pousser son PDG vers la porte, jugé pas assez visionnaire et innovant.

Ainsi, pourquoi ce dernier a-t-il exigé la démission de son président alors que, d’après sa propre enquête, le harcèlement sexuel dont il était accusé ne serait pas avéré ? « Ce ne sont pas les sommes détournées (on parle de 20.000 $) qui sont en question, a même expliqué à la presse Mike Holston, le vice président exécutif qui a supervisé l’enquête externe. Ce sont avant tout des considérations « d’intégrité, de crédibilité et d’honêteté » qui ont motivé la décision d’évincer Mark Hurd, a-t-il plaidé.

En somme Mark Hurd a été sanctionné pour son manque de probité et d’éthique. Des valeurs qu’il aura constamment invoquées au cours d’un règne marqué par des restructurations et des plans de licenciements massifs. Un épilogue qui n’est pas pour déplaire aux salariés mais le scénario semble cousu de fil blanc. D’autant que le PDG part tout de même avec près de 35 millions de dollars d’indemnités diverses, d’actions et de stocks option (selon le calcul de la CFTC HP France).