Des nouvelles contradictoires circulent à propos du rachat éventuel de Bouygues Telecom par Orange.

A en croire le Journal du Dimanche, l’annonce d’un accord pourrait intervenir le 16 février à l’occasion de la présentation des résultats annuels d’Orange. Une information qui a provoqué la hausse des titres de tous les protagonistes de cette partie de poker (menteur). Pour obtenir l’accord des autorités de la concurrence, l’opérateur historique doit en effet céder une partie des actifs de Bouygues. Selon l’hebdomadaire dominical, Free reprendrait le réseau et certaines fréquences de ce dernier pour près de deux milliards d’euros tandis que SFR-Numericable récupérerait une partie de la clientèle de l’opérateur.

D’autres rumeurs, selon nous plus crédibles. évoquent d’autres barrières beaucoup plus contraignantes que celles élevées par les régulateurs. L’Etat, qui détient aujourd’hui 23% du capital d’Orange (9,60% à travers Bpifrance et 13,40% via l’Agence des participations de l’Etat), dont il est ainsi le premier actionnaire, ne souhaite pas voir sa participation diluée indique le Monde. Celle-ci ne devrait pas descendre en dessous de 21% afin de conserver trois sièges au conseil d’administration. Bouygues, qui espérait initialement détenir 15% de l’opérateur historique ne pourrait ainsi obtenir que 9%. En effet, à partir de 30 % les deux actionnaires de référence seraient obligés de lancer une OPA sur la totalité du capital, ce que l’Etat n’a évidemment pas les moyens de financer. C’est pourquoi ce dernier imposerait par ailleurs une clause de standstill de trois ans à Martin Bouygues afin de l’empêcher de monter au capital pendant cette période.

Lors du dernier conseil d’entreprise d’Orange, rappellent Les Echos, Stéphane Richard a rappelé que Bouygues Telecom était sur-valorisé. «Je ne suis pas excité de voir Martin Bouygues arriver comme actionnaire d’Orange. Mais c’est quelqu’un de constant, et c’est un industriel fidèle à ses valeurs», a-t-il par ailleurs indique, ajoutant « Je le préfère à l’autre B», faisant ainsi référence à Vincent Bolloré, qui a lui quant à lui des yeux sur Orange. L’homme d’affaires breton pourrait en effet un jour s’inviter au capital de l’opérateur historique à travers Telecom Italia dont Vivendi détient aujourd’hui un peu plus de 14%.

Quoi qu’il en soit cette opération, qui aurait une chance sur deux d’aboutir, pose toujours autant de questions. « Pourquoi en effet l’opérateur dominant du secteur se propose-t-il d’acheter le n°3 à près de 10 milliards d’euros s’il ne peut accroître ses parts de marché, car le régulateur s’y opposera, éliminer les sureffectifs, car l’État actionnaire d’Orange l’a interdit par avance, mettre la main sur le réseau, car les concurrents l’en empêcheront ? « , s’interrogeait il y a deux semaines l’économiste Elie Cohen dans les colonnes de  Slate. C’est encore aujourd’hui un mystère.