En sortant de Wall Street Dell espère échapper aux contraintes de la bourse pour entamer son virage stratégique en direction des entreprises. Un virage qui pourrait se traduire par des suppressions d’emplois.

Aussitôt la « privatisation » de Dell officialisée, le CEO du fabricant a fait parvenir un message à ses collaborateurs pour expliquer les raisons de l’opération. « Les solutions et services pour l’entreprise représentent aujourd’hui 50% de notre marge brute », écrit Michael Dell qui confirme un changement radical de cap en direction du monde professionnel. Selon lui, une sortie de la bourse est la meilleure voie pour réussir ce changement. « La transformation est bien engagée mais nous reconnaissons que cela nécessitera plus de temps, d’investissements et de patience. Je crois que nous serons mieux servis par des partenaires qui nous apporterons un soutien sur le long terme afin de nous aider à innover et à accélérer la stratégie de transformation de la société. Nous aurons la flexibilité qui nous permettra de poursuivre nos investissements organiques et inorganiques et de permettre à nos affaires de croître sur le long terme », peut-on lire dans le document dont nos confrères de CRN se sont procuré une copie. Echapper à Wall Street permet surtout au patron de Dell d’échapper à la sanction des résultats trimestriels, de pouvoir parier sur le long terme, et de ne plus avoir un œil fixé sur les dividendes.

Pour la plupart des analystes, la réorganisation de Dell se traduira tout d’abord par des réductions de coûts, avec ce que cela sous-entend notamment en termes d’emploi. La suite parait plus floue. On comprend que le Texan veuille suivre les traces d’IBM, désormais un géant des services. Se concentrer sur les services est toutefois un pari osé pour une entreprise telle que Dell qui tire la majeure partie de ses bénéfices du PC. C’est un véritable coup de poker.

La participation de Microsoft au montage – à travers un prêt de 2 milliards de dollars – semble cependant écarter pour le moment un abandon total du marché des ordinateurs.

L’opération devrait être finalisée avant la fin du deuxième trimestre de l’exercice 2014, soit au plus tard au mois de juillet de cette année. Les enchérisseurs éventuels ont par ailleurs 45 jours pour se manifester. Une probabilité proche de zéro, le LBO de 24,4 milliards de dollars étant la plus grosse opération de ce type depuis l’acquisition pour 26 milliards de dollars de la chaîne hôtelière Hilton par la banque d’investissement Blackstone en 2007.