Les CE de GFI et de Thales Services ont assigné chacun de leur côté leur employeur, unanimes pour dénoncer le projet de cession à GFI et la stratégie de passage en force des directions.


Le bras de fer se poursuit entre la direction de Thales et les quelque 500 salariés de sa division informatique de gestion Thales Business Services opposés au projet de cession à GFI. Alors que le processus de consultation des instances représentatives a été officiellement clos le 26 juillet pour permettre la finalisation de la transaction le 30 juillet, le comité d’entreprise de Thales Services a immédiatement assigné la direction, considérant qu’elle n’avait pas suffisamment motivé son projet ni donné suffisamment de garanties sur la pérennisation des emplois. Une démarche qui a reçu le soutien inatendu du comité d’entreprise de GFI qui a assigné sa propre direction pour les mêmes motifs dès la mi-juillet. L’audience devrait avoir lieu ce lundi 13 août au tribunal de grande instance de Bobigny, tandis que celle de Thales est programmée le 29 août à Versailles.

« On n’est pas parvenu à obtenir les documents sur les motivations de la cession, pas plus que ceux relatifs aux critères de choix du repreneur », justifie un délégué syndical CFDT élu du CE de Thales Services. Quant à l’emploi, même si GFI s’est engagé à ce qu’il n’y ait pas de plan social pendant 18 mois, les syndicats se disent convaincus qu’il y aura de la casse. « Les salariés transférés sont globalement plus agés et mieux payés que ceux de GFI, explique notre interlocuteur, qui craint qu’ils ne fassent les frais de la politique de résultat des actionnaires de GFI. « On se demande s’il y a vraiment eu appel d’offre et on pense que la population transférée, qui a fait le choix de travailler dans un groupe industriel plutôt que dans une SSII, aura des difficultés à s’adapter », résume une élue CGT.

Mais quelle que soit l’issue de cette audience, élus et salariés de Thales Services ne devraient pas en rester là. « Au mieux, le tribunal ordonnera la reprise du processus de consultation et cela ne fera que retarder l’échéance », poursuit notre délégué syndical CGT. Or, depuis un an, les salariés ont multiplié les actions pour exprimer leur désaccord avec ce projet (notamment en bloquant certains centres de production en avril), et ils sont bien décidés à obtenir l’abandon pur et simple du processus de rachat. À cet effet, ils misent sur le déclenchement d’une autre procédure judiciaire basée cette fois sur les risques psycho-sociaux qu’encourent les salariés. Une plainte sera déposée fin août. Et d’autres recours juridiques sont à l’étude.

Enfin, un autre paramètre pourrait éventuellement servir la cause des salariés de Business Solutions. La direction n’a pas caché que le groupe pourrait se séparer rapidement de 10% de ses activités (soit l’équivalent de 1,3 milliard de chiffre d’affaires). Ce qui ne manquerait pas de provoquer des remous sociaux d’une autre ampleur en interne et en externe. Les quelque 3000 salariés restant au sein de Thales Services (répartis en deux entités, ITO [infogérance] et SSE [informatique technique] et représentant entre 400 et 500 M€ de CA), soupçonnent déjà d’être les prochains sur la liste. En cédant Business Solutions, c’est l’ensemble de Thales Services qui risque d’être fragilisé, soulignent les élus.