À l’issue du troisième tour pour la reprise d’Ares, Osiatis et UTI Group ont sensiblement revu leur offre à la hausse, redevenant compétitives par rapport à Alterup et GFI. Ce-dernier reste toutefois favori.

 

Le suspense durera jusqu’à la dernière seconde. Jusqu’ici largement favoris pour la reprise d’Ares, GFI et Alterup pourraient se faire coiffer au poteau dans la dernière ligne droite par Law Informatique (holding d’Uti Group) voire même Osiatis (en association avec ISA). En effet, à l’issue du troisième tour d’enchères organisé par le Tribunal de commerce d’Evry, les offres des quatre candidats encore en lice se sont nettement rapprochées, au point qu’il va être difficile pour le Tribunal de les départager.

Synthétiquement, c’est désormais le tandem Osiatis-ISA qui est à l’origine de la meilleure proposition financière : 5,23 M€ en intégrant le passif social estimé. Alterup est à 4,94 M€, Law Informatique à 4,89 et GFI à 4,84. Sur le plan social, le match est tout aussi serré : GFI reste le mieux-disant avec 404 salariés repris. Mais Law Informatique offre d’en reprendre 402, Osiatis-ISA 397 et Alterup 395. Soit un écart de neuf postes entre la meilleure et la moins bonne proposition.

A noter que tous les candidats s’engagent à reprendre le passif social mais que leurs estimations de celui-ci varient de 1,84 M€ pour GFI à 2,09 M€ pour Law Informatique pour un périmètre, on l’a vu, comparable (voir tableau). Osiatis s’est engagé lui sur une reprise à minima à hauteur de 1,5 M€.

 

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Quatre offres dans un mouchoir de poche

Toujours est-il que ces offres sont tellement proches que le choix final devrait donc finalement se jouer sur d’autres critères, notamment la pérennité du projet industriel, la solidité du montage financier, les avantages sociaux, le choix des managers et probablement le pouvoir de conviction des repreneurs.

Sur le plan industriel, avec leur effectif qui se compte en milliers de collaborateurs et leur chiffre d’affaires en centaines de millions d’euros, GFI et Osiatis sont les mieux placés pour garantir le bon renouvellement d’un certains nombre de contrats (notamment à Pau et à Paris pour l’activité secteur Public) qu’Alterup et Law Informatique sont beaucoup moins assurés de conserver, faute de taille critique.

Law Informatique pourra toutefois se prévaloir d’une activité de services informatique de taille comparable à celle d’Ares (380 collaborateurs pour 25,7 M€ de CA en 2009), ce qui n’est pas le cas  de la holding Alterup, dont la filiale Studec est spécialisée dans la documentation technique. Le principal faire-valoir d’Alterup reste la personnalité de son principal investisseur, Georges Cohen. Autre bon point pour Law Informatique : l’activité d’UTI Group est à 80% réalisée en Ile-de-France, quand celle d’Ares est fortement ancrée en régions.

 

GFI cherche paradoxalement à se désendetter…

Sur le plan financier, la situation de GFI apparaît paradoxale. Le groupe est engagé dans une stratégie de désendettement et a multiplié les cessions d’activités au cours des derniers mois (filiales britannique et italienne, activités monétique en France et santé au Canada…), se délestant au passage de près de 600 collaborateurs. Une stratégie qui entre donc en conflit avec son projet de reprise d’Ares.

Du côté d’Osiatis, il n’y aurait aucune prévention si son partenaire ISA, dont dépend la reprise de 45 collaborateurs, était en mesure d’offrir suffisamment de garanties financières. Ce qui n’est pas le cas, a noté le comité d’entreprise dans son dernier avis. Pour sa part, Law Informatique affirme avoir le soutien de la Caisse des Dépôts et Consignations, l’une des signatures les plus prestigieuses du marché. Quant à Alterup, le Tribunal n’est semble-t-il pas parvenu à obtenir le bilan de l’un de deux fonds d’investissements présents à son capital.

ISA n’a semble-t-il pas plus convaincu sur le plan social, le CE ayant même constaté que les critères de licenciement envisagés étaient contraires à la loi. Quant à Alterup et Law Informatique, ils pèchent encore une fois par leur taille critique insuffisante qui ne leur permet pas de garantir le replacement d’éventuels intercontrats en trop grand nombre.

 

… mais offre le plus de garanties sociales

En la matière, avec ses avantages sociaux et ses quelque 9.000 collaborateurs (dont 6.000 en France), GFI apparaît comme le plus convainquant. Un argument qui n’a d’ailleurs pas échappé aux salariés, qui se seraient prononcés à 40% des suffrages exprimés pour une reprise par GFI lors de la consultation organisée par le CE – mais dont les résultats n’ont jamais été dévoilés officiellement.

Pour autant, le CE reste farouchement opposé à l’offre GFI, avec comme argument principal que ce dernier est moins intéressé par les salariés d’Ares que par le chiffre d’affaires et qu’il n’hésitera pas à se séparer de ceux qui ne lui seront plus indispensables une fois la transaction faite. Voire…

Un argument qui est malheureusement valable pour les quatre candidats. Du reste, s’il y a effectivement un risque de dissolution dans GFI, celui-ci s’est engagé à conserver les  agences (et les locaux) de Bordeaux Santé, d’Orléans, de Pau, du Luxembourg et de Paris secteur public (soit au bas mot plus de 300 personnes). Pas sûr, dans ces conditions, que l’avis du CE soit réellement entendu du Tribunal…

Quel que soit son verdict ce lundi, celui-ci aura en tout cas fait preuve d’une incontestable habileté pour faire monter les enchères. Celles-ci sont passée en l’espace d’un mois d’un prix de cession de 2 M€ et 388 personnes reprises pour l’offre la mieux-disante à 3,7 M€ (hors reprise du passif social) et 404 emplois sauvés.