Raphaël d'Halluin

Raphaël d’Halluin, président de ScoreFact

Lancée après trois ans de préparation à l’initiative d’anciens managers d’éditeurs de logiciels reconvertis dans l’évaluation de sociétés IT en cours d’acquisition, ScoreFact se positionne comme la première agence de notation des prestataires IT. L’idée est simple : comme pour les acteurs du secteur financier qui font la démarche de se faire noter pour emprunter à de meilleures conditions, ScoreFact fait le pari que le marché IT a besoin d’un label différenciant et que les prestataires IT accepteront de faire auditer la qualité de leurs prestations afin se démarquer de leurs concurrents.

ScoreFact est parti du constat que les entreprises manquaient d’information factuelles pour évaluer les compétences des prestataires IT. « Autant les clients sont relativement armés pour se faire une opinion sur les produits qu’ils souhaitent acquérir, autant ils ont plus de difficultés à juger de la compétence des prestataires qui les déploient », estime Raphaël d’Halluin, président de ScoreFact. Pour les aider à se faire leur avis, le meilleur moyen, selon lui, c’est d’interviewer les clients existants de ces prestataires afin de déterminer leur niveau de satisfaction.

ScoreFact évalue notamment le respect des délais, le respect des budgets, la qualité de la relation humaine, les compétences produits, la qualité de l’information sur les nouvelles fonctionnalités, les conditions de migration vers les nouvelles versions… ScoreFact collecte ces informations auprès d’un échantillon de clients des prestataires audités via l’envoi d’un questionnaire web ou par téléphone. Le nombre des clients contactés dépend de la taille du prestataire et de celle de son marché. Les questionnaires comportent une quarantaine de questions.

ScoreFact prend soin d’interroger des clients anciens (plus de trois ans), récents (entre trois et un an) et nouveaux (moins d’un an), afin de se forger une vision dans le temps de l’évolution de la qualité des prestations. « On peut par exemple être bon sur les installations mais être moins pointu sur des prestations intervenant plus tard dans le cycle de vie du produit », note Raphaël d’Halluin. Un moyen également de se rendre compte si un prestataire a perdu une partie de ses équipes.

À l’issue de l’audit, le prestataire est crédité d’une note. Si elle est au dessus de la moyenne, il est labellisé « good supplier ». Si elle est nettement au-dessus de la moyenne, il est crédité du label « Excellent supplier ». Et si elle est en-dessous de la moyenne, il n’est pas labellisé. Les résultats lui sont alors remis pour qu’il puisse éventuellement traiter les problèmes en vue de repasser l’audit. Un troisième label, « promising supplier » permet de mettre en avant de jeunes acteurs – ou ayant récemment investi un marché – qui font des efforts pour se démarquer par la qualité de leurs prestations mais qui n’ont pas suffisamment d’antériorité pour que les enquêtes de satisfaction clients aient une réelle valeur statistique.

Pour faire décoller son activité, ScoreFact incite les services achats, les DSI et les directions générales des clients finaux à lui soumettre les noms des prestataires dont ils souhaiteraient connaître la notation. La société contacte ensuite les prestataires les plus couramment cités et leur explique qu’une évaluation les aiderait certainement à se différencier aux yeux de leurs prospects. Lors d’une campagne test menée fin 2015 auprès de 800 entreprises, ScoreFact a ainsi collecté près de 300 demandes de notation. Parmi celles-ci, la majorité concernait des prestataires SaaS, CRM et ERP.

L’audit – en moyenne 3.000 € pour prestataire CRM exploitant une base installée de 60 clients – est à la charge du prestataire mais peut aussi être financée par l’éditeur de la solution. « Certains éditeurs sont prêts à financer les notations, note Raphaël d’Halluin. Ils voient dans notre démarche un moyen de rationaliser et d’homogénéiser leur réseau de distribution en conditionnant le renouvellement de leur agrément à l’obtention du label ScoreFact. Tout le monde se dit compétent sur tout. Or les éditeurs savent mieux que quiconque que maintenir un bon niveau de service coûte cher (en formations, en certifications, en maintien d’équipes dédiées). Malheureusement, les acteurs les plus à même de satisfaire leurs clients ne sont pas toujours les plus reconnus. Et leur rentabilité est de surcroît mise à mal par des acteurs moins compétents qui tirent les prix vers le bas. »

ScoreFact, qui est encore en cours d’immatriculation au registre du commerce, vient d’embaucher ses deux premiers collaborateurs (un DAF et un directeur marketing) et cherche deux commerciaux pour la rentrée de septembre. Dans la foulée de la France, la société prévoit de démarrer son activité en Suède (où est basée son activité historique de notation fusions & acquisitions, désormais filialisée) et compte ouvrir Dubaï d’ici à la fin de l’année. Si tout se passe comme prévu, l’effectif atteindra 15 personnes en avril prochain et la société aura 300 prestataires notés (tous pays confondus). Des bureaux en Grande Bretagne, en Allemagne et en Espagne pourraient ensuite ouvrir en fonction des opportunités de recrutement.