Pascal Murciano, PDG de Tech Data France, est convaincu que l’activité va rapidement repartir dans le secteur IT. À condition que les assureurs crédit jouent le jeu et ne restreignent pas trop les encours.

Channelnews : Sur son premier trimestre 2020 clos le 30 avril, Tech Data a enregistré une baisse de 3% de ses ventes à 8,2 milliards de dollars (7,36 milliards d’euros). L’Europe, qui représente 47% du chiffre d’affaires global voit même ses ventes reculer de 8%. Comment s’est comportée l’activité de Tech Data France pendant le confinement ?

Pascal Murciano : Le e-commerce, les produits d’espace de travail (workplace) et les logiciels ont bien fonctionné. Le retail, les produits d’infrastructures ont moins bien fonctionné. Au final, Tech Data France a fait un peu de décroissance mais l’activité a plutôt bien fonctionné comparé à d’autres marchés et à la situation de l’économie en général. Il faut souligner que pendant toute la période de confinement, Tech Data a été là pour les clients aussi bien sur le plan commercial que logistique. Les équipes ont joué le jeu en restant mobilisées et performantes. Le télétravail a bien fonctionné et les employés ont été rassurés par les mesures de protection prises.

Channelnews : À l’heure de la deuxième vague de déconfinement, l’activité a-t-elle repris normalement ?

Pascal Murciano : Nous ne sommes pas encore revenus à la normale sur le plan du fonctionnement. Depuis le déconfinement, les employés peuvent revenir au bureau sur la base du volontariat. Mais nous ne sommes encore que 10% à 15% de l’effectif présents dans les locaux. Cette proportion va augmenter progressivement dans les prochaines semaines. Mais nous limiterons les retours tant que le virus continuera de circuler. Quant à l’activité, on sent qu’elle reprend. La reprise est forte dans le retail. Dans le B2B, les projets suspendus pendant le confinement se débouclent. Mais on n’est pas revenu au niveau d’activité pré-confinement. On n’en est encore qu’au début. Il va falloir encore attendre pour voir si l’activité reprend vraiment.

Channelnews : Pensez-vous que les conditions économiques vont rester durablement dégradées ?

Pascal Murciano : Personnellement, je ne pense pas que l’on va se retrouver face à un désastre économique. Ma seule inquiétude concerne l’éventualité d’une baisse d’encours de la part des assureurs-crédits. On sent déjà des tensions çà et là. Un resserrement trop massif des encours pourrait entraîner des dépôts de bilan et compromettre la reprise. L’État a probablement un rôle à jouer. Certes il a déjà fait beaucoup pour les entreprises avec les reports de charges sociales, les prêts garantis, les mesures de chômage partiel… Mais on a le sentiment que les encours c’est un peu l’angle mort de la politique de soutien de l’État aux entreprises. Autant les banques ont reçu le support nécessaire pour éviter une réduction des lignes de crédit, autant les assureurs-crédit semblent oubliés. Or le sujet est crucial. Une restriction des encours pourrait avoir des effets désastreux.

Channelnews : Est-ce que le confinement a modifié vos objectifs à court terme ?

Pascal Murciano : Absolument pas. Si tout a été mis entre parenthèses pendant deux mois, on continue d’être focalisés sur les technologies de nouvelle génération (l’IoT, l’analytique, la sécurité…), l’approche solutions et on accélère sur les offres TaaS (technologie sous forme de service). Le TaaS, ça consiste à consommer du matériel comme si c’était un service en s’appuyant sur du financement. Nous avons lancé une plateforme qui permet aux partenaires de faire bénéficier leurs clients de ce modèle de consommation.

Channelnews : Est-ce que le Covid-19 va vous contraindre à faire des économies et à réduire la voilure ?

Pascal Murciano : Non. Nous n’avons pas de plan massif d’économies défini. Mais il va de soi qu’on doit gérer très attentivement nos coûts car nos marges sont faibles. Ainsi, pendant le confinement, nous avons eu recours au chômage partiel.