Les grossistes informatiques sont confrontés à une vague de résiliation de leurs encours clients d’une ampleur sans précédent. Certains prévoient déjà la catastrophe si aucune solution n’est trouvée.

 

« Depuis le 14/02/2009, votre société UNTEL MICRO (code privilège xxxxxx) ne dispose plus de suffisamment de crédit auprès de notre assureur partenaire pour financer votre croissance ». Ce type de message, ils sont des centaines de revendeurs informatiques, probablement des milliers, à l’avoir reçu au cours des dernières semaines de la part de leur(s) grossiste(s) habituel(s). En clair, le channel IT est en train de subir une vague de résiliation d’encours d’une ampleur sans précédent.

Chez Tech Data, ce sont quelque 2.000 revendeurs qui auraient ainsi été informés en l’espace de quelques semaines d’une révision à la baisse ou d’une résiliation de leur encours. Gérard Youna, pdg du grossiste, ne souhaite pas confirmer ces chiffres mais admet plusieurs centaines de résiliations. Chez ETC on recense 1.500 révisions d’encours et chez Disposelec plusieurs centaines. En moyenne, les grossistes estiment que c’est au minimum 10% à 20% de leur base clients qui est touchée (voire plus si l’on considère les clients vraiment actifs). Et cela pourrait n’être que le début.

Des assureurs crédit plus sélectifs

Bien entendu, les grossistes ne font que relayer auprès de leurs clients les alertes à la révision d’encours qu’ils reçoivent eux-mêmes de leurs propres assureurs crédit. Ce sont ces derniers qui sont collectivement à l’origine de cette vague de résiliations massive. Le phénomène n’est pas nouveau (voir article) mais il s’accélère. Chez Euler Hermes SFAC, principal acteur dans le secteur IT, Didier Moizo, conseiller sectoriel IT à la direction des études économiques, admet que la dégradation du contexte économique dans tous les secteurs, y compris l’IT, a conduit sa société à être plus vigilante dans l’appréciation de la santé financière des entreprises, notamment pour les plus petites et les plus fragiles d’entre elles.

« Les révisions touchent principalement les sociétés dont les fonds propres sont inférieurs à 15.000-20.000 €, ou qui ont perdu de l’argent, même très peu, sur les exercices 2007 et/ou 2008, ou qui supportent un endettement élevé », résume René-Luc Caillaud, pdg du grossiste ETC. Bien-sûr, il est toujours possible pour les sociétés concernées d’amener les assureurs crédit à revoir leur position en démontrant leur viabilité. Il suffit pour cela de monter un dossier à l’intention. C’est ce que recommande d’ailleurs le grossiste Disposelec, qui a décidé d’assister les revendeurs dans leurs démarches en mettant une ressource dédiée à leur disposition.

Des résiliations massives qui risquent de précipiter la crise

 

Mais ces démarches peuvent être longues or le temps presse. Guy Pronier, directeur général de Disposelec, n’y va pas par quatre chemins : « cette baisse généralisée des encours risque tout simplement de précipiter la crise dans notre secteur ». Laurent Loubry, son directeur du département professionnel, estime ainsi qu’elle pourrait directement entraîner une baisse de 15 à 20% des ventes de matériels pour les grossistes. « Les revendeurs vont avoir tendance à lever le pied sur la vente de matériels car elle immobilise une trésorerie qu’ils n’ont plus », explique-t-il.