L’annonce de l’ouverture d’un centre de services à Lille par IBM n’est pas du goût de la CGT qui, tout en reconnaissant que cette ouverture constitue une excellente nouvelle pour le bassin d’emploi lillois, y

voit une provocation pour les salariés de la filiale française. Selon un tract du syndicat, cette entité va se substituer partiellement à l’entité Global Business Services qui, de son côté, voit 400 de ses emplois supprimés. Cette ouverture s’inscrirait dans une stratégie visant d’une part à délocaliser l’activité dans les pays à bas coûts salariaux, d’autre part à créer des filiales low-cost dans les pays « chers » quand le marché et la proximité des clients l’exigent.

L’IBM Services Center, qui dépend d’IBM Holding Europe BV et non d’IBM France, relèverait du second cas et reprendrait ainsi le flambeau de l’entité Consulting pour un coût nettement inférieur (le syndicat parle de 40% d’économie). « Il emploiera des jeunes diplômés, des stagiaires, des apprentis et autres contrats aidés plus quelques profils et managers expérimentés pour le transfert des compétences. Il faut aussi savoir que pendant 6 mois, Lille et Nantes ont été en concurrence. Il s’agit probablement d’une course aux subventions dans laquelle Lille a gagné avec des crédits d’impôts et des aides à la formation », affirme Frédéric Roussel représentant syndical CGT.

Selon lui, le fait que la nouvelle structure dépend d’une filiale domiciliée aux Pays-Bas, faciliterait par ailleurs le transfert des royalties et bénéfices vers les US, avec une fiscalité avantageuse. Ne faisant pas partie du Comité de groupe IBM France, elle échapperait de plus au droit de regard et d’action des organisations syndicales.

La CGT se dit heurtée par le fait qu’IBM supprime d’un côté des emplois, aggravant les déficits de Pôle Emploi et des caisses de retraite, et bénéficie de l’autre d’aides généreuses de l’Etat et des régions, « alors que sa santé financière est insolente ».

Un projet enthousiasmant pour lutter contre le chômage des jeunes

Contacté par nos soins, IBM n’a pas souhaité donner son point de vue. « Nous n’avons pas l’habitude de commenter les documents émanant des partenaires sociaux. Je ne peux que rappeler ce qui a déjà été dit lors de la conférence de presse de Lille, c’est-à-dire que nous créons une structure qui emploiera 200 personnes dans un premier temps, et qui créera 700 emplois à terme », a déclaré la directrice de la communication d’IBM, Constance Bordes. Il s’agit d’un « projet enthousiasmant qui permet de lutter à son niveau contre le chômage des jeunes et qui offrira à ces derniers la faculté d’apprendre un métier, de travailler chez des clients  et d’être dans le Saint des saints des technologies ».

Constance Bordes a par ailleurs tenu à souligner « la volonté affichée par IBM d’éviter tout départ contraint et tout licenciement, de maximiser les départs volontaires, et d’accompagner les projets des collaborateurs qui souhaitent commencer une nouvelle activité ».

Au mois d’avril, IBM France a confirmé la suppression de 1.300 postes sur deux ans sur un effectif de 9.700 salariés. Big Blue avait annoncé quelques jours auparavant un chiffre d’affaires trimestriel en baisse de 5% à 23,4 milliards de dollars et un bénéfice en recul de 1% à 3 milliards de dollars. Des résultats qu’il faut imputer en grande partie aux mauvaises performances de la division Hardware (-17%). La firme d’Armonk souhaite d’ailleurs se défaire de ses serveurs. Des négociations en ce sens avec Lenovo auraient toutefois achoppé, les deux fabricants ne parvenant pas à s’entendre sur le prix de cession.