IBM France revient sur le devant de la scène. Non pas pour une quelconque actualité technologique mais bien pour son climat social. Le plan de départs volontaires et l’externalisation d’un millier de salariés dans Kyndril, la spin-off off des services gérés d’infrastructure, ne passent toujours pas auprès des syndicats. Chacun de son côté, la CFDT et la CGT le font savoir à leur manière.

Selon la CFDT, un salarié sur deux a contacté la cellule RH dédiée aux départs volontaires, ce qui démontre selon elle un profond malaise. « IBM ne semble plus être une entreprise où il fait bon vivre et où chacun peut s’émanciper et trouver sa place », peut-on lire sur la page de l’organisation syndicale pour qui « ce nombre très important de candidats et de départs est aussi une très forte source d’inquiétude ». « Malgré leur éligibilité, de nombreux salariés ne pourront pas partir. Quelle sera leur réaction ? Comment la direction compte-t-elle relancer leur motivation ? », s’interroge la CFDT qui s’inquiète également de l’impact du départ d’un quart des effectifs sur les conditions de travail des salariés restants.

Le syndicat appelle au dialogue social « pour endiguer les problématiques de surcharge », mais indique en même temps qu’il veillera « à ce qu’IBM respecte ses salariés et leurs conditions de travail »

De son côté, la CGT met en avant dans un communiqué de presse ses revendications pour l’ensemble des salariés d’IBM France : des recrutements et des investissements dans la filiale en contrepartie des départs ; le transfert dans Kydril uniquement sur base du volontariat (selon le syndicat, 85% des salariés qu’il a interrogé ne souhaitent pas rejoindre la spin-off) ; la transparence et le contrôle des aides publiques perçues par la société et de sa fiscalité ; des droits « de haut niveau pour les salariés d’IBM et de toutes ses filiales en France, en Europe et dans le monde » ; ainsi qu’une représentation des salariés au niveau international.

Dans son communiqué, la CGT-IBM se plaint par ailleurs de « méthodes que peu soupçonneraient » pour l’empêcher de défendre les intérêts des salariés, dont 95% de cadres, et de dénoncer la langue de bois de la direction. Rappelant qu’elle a gagné plus de 20 procès en discrimination syndicale au cours des 10 dernières années, l’organisation syndicale accuse la direction de s’attaquer à ses ressources financières « en reniant sa signature d’un accord d’entreprise » et en bloquant « pour la seule CGT le versement 2019 et 2020 du budget de fonctionnement alloué aux organisations syndicales représentatives dans l’entreprise ».

Le syndicat ajoute qu’il va déposer une plainte pour entrave au droit syndical. Il appelle également les salariés à se mobiliser « pour leurs droits et leurs intérêts, pour la citoyenneté en entreprise et pour leurs collègues aux Etats-Unis et en Inde en particulier », des pays qui selon elle s’illustrent par des violations systématiques des droits du travail. L’Inde a en effet suspendu le droit du travail pour trois ans.