La CGT IBM appelle à une journée d’action le vendredi 16 avril pour protester contre les licenciements secs et l’externalisation d’environ 1.000 salariés dans Kyndril, la spin-off off des services gérés d’infrastructure (jusqu’ici connue sous le nom de Newco). La majorité des salariés étant en télétravail, le syndicat appelle à une « grève numérique », à notre connaissance la première du genre en France.

La réduction d’effectifs prévue par IBM France se fera en deux temps : la suppression de 1.250 postes avant l’été, puis le transfert d’une partie de ces salariés dans Kyndril. « Il ne restera alors que la moitié des 5.000 salariés actifs actuels », indique dans un communiqué le syndicat  qui rappelle que la filiale française de Big Blue employait 10.000 personnes il y a 10 ans.

Le PSE annoncé en novembre 2020 comporte des mesures d’aide au départ volontaire mais également des départs contraints, ce que conteste d’ailleurs l’ensemble de l’intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, UNSA). Cette dernière a publié au début du mois une lettre ouverte à la présidente d’IBM France, Béatrice Kosowski, demandant la suppression de ces licenciements secs. « Depuis le début de la procédure, l’intersyndicale, représentant la totalité des OS d’IBM affirme ne pas être opposée aux départs volontaires de salariés à condition que la direction abandonne les licenciements contraints, ce que ses moyens et la composition de l’effectif permettent », rappelle la lettre avant de préciser, « La mise en place d’un PSE uniquement basé sur le volontariat apparait donc être la seule solution. Elle permettrait de se rapprocher de votre objectif de départs, sans donner aux salariés le sentiment que les projets de PSE et Newco vont à l’encontre de leurs intérêts personnels et professionnels. » Le courrier est resté… lettre morte.

Des experts missionnés par le CES ont confirmé l’analyse de l’intersyndicale. « La situation économique d’IBM France ne justifie pas un PSE de cette envergure, PSE qu’IBM peut par ailleurs financer entièrement sous forme de départs volontaires comme d’autres groupes internationaux s’y sont engagés », peut-on lire dans leur rapport qui estime que « la situation économique d’IBM Corp. est saine, malgré la pandémie actuelle de Covid-19 ».

Comme on l’a vu, la CGT est également vent debout contre l’externalisation d’un millier de salariés dans Kyndril. Selon le syndicat, ce transfert est mal vécu par le personnel concerné qui le considère comme un prélude à des licenciements massifs externalisés, et ce malgré le nom choisi pour l’entité. « « Kyn » est dérivé du mot parenté, faisant référence à la conviction que les relations avec les gens – employés, clients et partenaires – sont au centre de la stratégie et que des relations durables doivent être construites et entretenues. « Dryl » vient de vrille, évoquant une nouvelle croissance et l’idée que – avec ses clients et ses partenaires – l’entreprise travaille toujours à l’avancement du progrès humain », énonce pourtant Big Blue dans un communiqué publié il y a deux jours.

« La pérennité de la société est loin d’être assurée en raison de la défiance des sociétés clientes qui se sentent trahies par l’annonce d’IBM d’abandonner ce secteur d’activité. La scission met en péril l’avenir des deux sociétés et de leurs salariés », assure de son côté la CGT.

Reste à voir si le syndicat, qui n’est pas majoritaire chez IBM France, parviendra vendredi à rassembler au-delà de son camp.