La perte du contrat de la CIA face à Amazon Web Services servira peut-être de révélateur. Après le rachat de SoftLayer, IBM redouble d’efforts sur le cloud, omniprésent dans sa communication.
2013 marquera un nouveau départ pour IBM dans le domaine du cloud avec le rachat de SoftLayer définie comme « la société la plus importante dans le cloud non cotée ». On peut être quelque peu étonné qu’un acteur aussi puissant qu’IBM ait besoin de l’apport d’une quasi startup pour assoir sa stratégie dans ce domaine majeur. SoftLayer a été créée en 2005 et connu un développement rapide qui a conduit le fonds d’investissement GL Partners à prendre une participation majoritaire en 2010 avant une fusion avec une autre startup The Planet Internet Services. En 2010, SoftLayer a fait état d’un chiffre d’affaires de 260 millions de dollars.
En juin 2013, IBM rachetait donc SoftLayer et recadrait toute sa stratégie sur l’infrastructure et l’offre de services de cet acteur qu’il mettait au cœur de sa division Smartcloud et complétait l’existant. Les 13 data centers de SoftLayer venait grossir les rangs de ceux que possède IBM. Un des apports deSoftLayer est d’avoir modifié en profondeur la politique cloud d’IBM définie par une déclaration de Ric Telford, Vice President, IBM Cloud Services, rapportée en 2011 par le magazine américain : « You can’t just take a credit card and swip it and be on our cloud ». Autrement dit, l’approche cloud d’IBM entrait dans le processus commercial habituel. Pendant ce temps, Amazon Web Services engrangeait les commandes sur Internet selon la stratégie maison : Assoir de faibles marges sur des gros volumes.
Aujourd’hui, le cloud est omniprésent dans la communication d’IBM, près de la moitié des communiqués du dernier trimestre 2013 traitent de ce sujet.
Dans sa conférence annuelle avec les analystes sur le logiciel (qui s’est tenue mi-novembre à Stamford), IBM a rappelé les grands axes de sa stratégie. Comme il l’avait été dans les années 2000 autour de Linux, IBM a annoncé qu’il arrimait son offre cloud sur les standards et l’open source. IBM SmartCloud repose sur la plate-forme OpenStack dont IBM est l’un des tout premiers contributeurs et a retenu Tosca d’Oasis pour la portabilité et l’interopérabilité entre les différents clouds.
Lors de la Credit Suisse Technology Conference qui vient tout juste de se tenir, John Kelly, SVP and Director, Research à rappeler l’importance de l’acquisition de SoftLayer : « with our acquisition again of SoftLayer and our core organic capabilities, we are going to produce cloud based services at levels of security as an example that no one else in the world can possibly do » (Transcription des questions/réponses). Il reconnait que l’approche initiale d’IBM était plutôt centré sur des clouds privés hautement sécurisés et sophistiqués alors que la concurrence (AWS, Rackspace…) se sont attachés à développer une offre de cloud public à faible coût d’entrée.
S’il n’en n’a pas encore fait une grande promotion, IBM propose déjà une centaine de logiciels ou de business process en mode SaaS dans des domaines très divers (Pour accéder au portail des logiciels et services). L’annonce de cette marketplace devrait être faite au premier semestre 2014.
Watson, ordinateur de nouvelle génération
Watson, qui a fait son entrée de manière plutôt ludique en battant les champions du jeu américain Jeopardy, est en fait une pièce majeure de l’offre d’IBM. D’ailleurs, Big Blue présente Watson dans une perspective historique comme le premier composant de la troisième génération de l’informatique : l’informatique cognitive. La première génération remonte aux premiers temps d’IBM avec les tabulatrices et la deuxième avec les ordinateurs à programme enregistré (Stored-program computer), synonyme d’architecture de von Neumann, introduite au début des années 50.
Pour IBM, Watson pourrait bien être l’équivalent de l’IBM360 – famille annoncée en 1964 – la nouvelle famille d’ordinateurs dits universels dont sont issus les mainframes d’aujourd’hui System z qui génèrent avec les logiciels et les services de substantiels revenus (les mainframes dont le magazine Infoworld déclarait qu’IBM vendrait le dernier modèle en 1996).
IBM a d’abord montré la capacité de cette nouvelle machine à résoudre de nouveaux problèmes en scannant très vite des volumes de données considérables. Du big data avant que le terme soit sur toutes les lèvres. Ensuite, il la spécialisé par discipline (santé, finance…). Tout récemment IBM a, dans une logique désormais largement partagée dans l’industrie, a transformé Watson en une plate-forme ouverte en rendant publiques les API afin de créer tout un écosystème de partenaires. Watson présente les caractéristiques suivantes :
– Comprendre le langage naturel et les communications entre humains ;
– Générer et évaluer des hypothèses ou établir des diagnostics en se basant sur des faits ;
– Simuler l’apprentissage humain.
Waston sera uniquement proposée sous la forme de services cloud et non sous la forme d’appliances.
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