Si vous demandez à n’importe qui de citer une société française non cotée spécialisée dans les infrastructures IT valorisée plus de 100 M€, il vous répondra qu’il n’en existe pas. Et pourtant cette société existe et vient de passer sous le contrôle du célèbre fonds d’investissements Carlyle. Il s’agit d’IB-Remarketing, filiale rescapée du puissant MIBS, revendeur spécialisé dans les matériels d’infrastructures racheté fin 2007 par Overlap. Pendant que ce dernier avalait l’activité distribution de MIBS, il revendait ses divisions financement (AS Lease), maintenance hardware et reconditionnement de pièces détachées (IB-Remarketing) – activité historique du groupe – à ses managers. Un périmètre équivalent alors à 28 M€ de facturations annuelles. Huit ans plus tard, le groupe est en passe d’achever son exercice 2015 sur un chiffre d’affaires de 110 M€ (87 M€ en 2014) et est valorisé 137 M€.
Ce petit miracle de croissance, le groupe le doit à l’évolution de son positionnement vers le recyclage et à son internationalisation. En 2007, IB-Remarketing avait déjà commencé son internationalisation mais sa présence se limitait encore à quelques pays en guerre ou très instables, comme l’Irak, l’Afghanistan, le Yémen, la Somalie, le Nigéria ou l’Algérie, où personne ne voulait aller. Son credo : le maintien en conditions opérationnelles d’infrastructures informatiques et télécoms pour le compte de multinationales. C’est cette activité qui lui a donné ensuite l’assise pour partir à la conquête du reste du monde et notamment de l’Europe.
En parallèle, la société se lance dans une activité de recyclage : récupération de parcs obsolètes à des fins de revalorisation. Moyennant la délivrance de bons de suivi de déchets, IB Group s’occupe du décommissionnement des matériels, de l’effacement des données et de leur démantèlement. Les composants utilisables sont prélevés pour alimenter son activité de maintenance hardware ou de vente de pièces détachées et le reste est « retourné à la matière », autrement dit détruit et remis sur le marché sous forme de matière première.
La crise de 2008 lui a aussi donné un gros coup de pouce, « en freinant les investissements et en poussant les DSI à prolonger le cycle de vie de leurs parcs IT », raconte Bruno Demolin, président du directoire de Cap Vert Finance, la holding chapeautant IB-Remarketing. Un appel d’air qui a boosté son activité maintenance hardware (qui représente désormais près d’un tiers des revenus). Une activité maintenance qui a la particularité d’être largement tournée vers le support de matériels obsolètes. « À contre-courant de l’informatique d’aujourd’hui, on s’intéresse à tous les matériels qui n’intéressent plus personne, souligne Bruno Demolin. En cela, on a fait de la lutte contre l’obsolescence un véritable business ».
In fine, ce sont les synergies entre ses quatre métiers : le leasing, la maintenance hardware, la vente de pièces détachées et le recyclage, qui assurent aujourd’hui le succès et surtout la rentabilité du groupe (passée en moins de trois ans de 6% à plus de 10% du chiffre d’affaires). Ces quatre activités, qui se développent de manière indépendantes, sont complémentaires et permettent de couvrir l’ensemble du cycle de vie des produits. C’est cette maîtrise de toutes les étapes du cycle de vie des produits qui a permis à la société de gagner en compétitivité et de se différencier, estime Bruno Demolin. Aujourd’hui, elle compte parmi ses clients des grands comptes internationaux mais aussi des tiers mainteneurs, des constructeurs, pour qui elle assure des services de spare management, des revendeurs…
Le groupe emploie actuellement 280 collaborateurs répartis dans dix-huit filiales. Il mouvemente 1000 tonnes de matériels par mois et en recycle 800 par an. Désormais présent à Hong Kong, New York, Dubaï, Sao Paolo, Madrid, Francfort, Rome, IB-Remarketing vient d’ouvrir des bureaux à Kuala Lumpur, Bangkok, Ankara et s’apprête à implanter des filiales au Nigéria et au Mexique. La société, qui réalise encore plus de 50% de son chiffre d’affaires en France (60 M€ cette année) suite aux rachats de Phoenix Services en 2013 et d’Aditia en juin 2014, mise sur Carlyle pour accélérer son internationalisation. Son premier chantier va notamment être d’exporter ses activités recyclage et leasing, encore peu développées à l’international.