Si un embryon de réseau de distribution Google a bien émergé en France, les acteurs traditionnels de la distribution et des services IT en sont exclus. Google n’a semble-t-il ni la méthode ni la volonté pour aborder le channel.

 

Deux ans après son lancement officiel de son (ou plutôt de ses) programme(s) partenaires, le réseau de distribution Google Entreprise a-t-il décollé en France ? Première constatation, il est difficile de le savoir : nous n’avons pas trouvé de liste officielle sur le site de Google et celui-ci n’a pas donné suite pour l’instant à notre demande d’entretien. Quant à ETC, le grossiste recruté pour animer ce réseau, il ne communique pas sur le sujet.

En l’occurence, il semble que le réseau d’une demi-douzaine de partenaires officialisé dès l’origine (incluant Capgemini, NRX, Revevol, Sword, gPartner et SQLI) ne ce soit pas beaucoup étoffé depuis. Certes on trouve en cherchant bien des petites sociétés ou des indépendants comme Kerensen, Eficiens, Cenolys, Isi-Computer, Onexo qui se prévalent d’accompagner les entreprises dans la mise en place des Google Apps… Mais on n’y trouve aucun grand nom de la distribution et des services informatiques traditionnels.

Des grands noms qui étaient pourtant tous là lors de l’événement qu’avait organisé ETC pour initier la stratégie channel, se remémore l’un des participants. « Tout le monde voulait être dans le carré de ceux qui auraient le privilège de faire décoller la marque en distribution dans l’hexagone. Les produits sont exceptionnels, tout le monde les veut et la marque fait rêver. »

Pourtant, le soufflé est vite retombé. La raison ? « Google ne s’est jamais vraiment donné les moyens de travailler avec le channel, selon notre partenaire. Il a déjà assez à faire avec les grands comptes. » Ceux qui ont essayé s’y sont apparemment cassé les dents : « c’est un véritable cauchemar au quotidien, explique-t-il, ne serait-ce que pour commander et se faire livrer. Je ne parle même pas d’obtenir une cotation ou de protéger une affaire. »

Et beaucoup n’ont même pas eu l’occasion d’aller jusque là. « J’ai tenté de les rencontrer une bonne dizaine de fois, se lamente un gros intégrateur certes très teinté Microsoft. J’étais très demandeur d’autant que j’avais (et j’ai toujours) de la demande de mes clients. Mais les équipes de Google France n’ont jamais donné suite. »

Sébastien Ricard, patron de gPartner, l’un des partenaires historique de Google en France, balaie ces critiques d’un revers de main. Selon lui les acteurs traditionnels de la distribution et des services se méprennent sur le modèle Google et sur leur rôle. « Google n’a pas besoin d’une armée de partenaires et de consultants pour installer ses solutions chez les clients. Dans un projet Google, il n’y a pas de vente de licences, pas de maintenance, pas de montées en version. Cinq à quinze jours d’implémentation suffisent. Les acteurs traditionnels ne peuvent adhérer à ce modèle. »

La distribution Google restera d’autant plus sélective que les pré-requis sont élevés. « Même chez Oracle ou SAP, je n’avais jamais vu un tel niveau d’exigence. Il a fallu signer douze contrats différents pour relayer l’ensemble de l’offre et former l’ensemble des collaborateurs une semaine avant même d’envisager de les certifier. C’est un gros investissement mais c’est le prix de l’excellence. » Un investissement qu’il n’a à priori pas de raison de regretter. En deux ans, sa société est passée de deux à trente collaborateurs et devrait réaliser entre 2,8 et 3,5 M€ de chiffre d’affaires sur l’exercice qui s’achèvera fin juin.

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